La Ministre flamande de l’Environnement, Joke Schauvliege (CD&V), présentera son Plan Packaging la semaine prochaine. Ce qu’il contient? L’acceptation de davantage de produits recyclables dans les sacs bleus, l’interdiction des sacs plastiques en supermarché, ou encore des amendes plus élevées en cas de déchets sauvages, mais aussi et surtout une consigne sur les canettes et les bouteilles.

Le Plan Packaging de la Ministre flamande de l’Environnement contient notamment un volet polémique sur une consigne appliquée aux canettes et aux bouteilles, qui correspondent aujourd’hui à 40% de nos déchets. Selon elle, les consommateurs seront moins susceptibles de jeter par terre leurs déchets s’ils reçoivent une petite compensation en échange du retour de leurs canettes.

Pour la Fevia et Comeos, il ne s’agit pas là d’une bonne idée. « Non seulement c’est peu pratique pour les consommateurs, mais c’est aussi tout simplement coûteux » nous indiquait déjà, en décembre dernier, Hans Cardyn, porte-parole chez Comeos. Les retailers devraient investir 40.000 à 60.000 euros dans des machines. A ce coût s’ajouterait encore celui de la maintenance et des frais de personnel, ce qui ferait grimper le coût annuel à 180 à 230 millions par an, selon la Fevia et Comeos.

Pour compenser ces coûts, la Ministre compte sur trois ressources: la consigne non-réclamée, le produit du recyclage des canettes et des bouteilles PET, et une contribution supplémentaire du producteur. Dans la pratique cela signifie que les fabricants devraient s’acquitter d’une taxe de 0,5 cent par canette et de 1,5 cent par bouteille. En retour, Joke Schauvliege entendrait réduire la taxe sur l’emballage.

 

Comeos, Feria, Fost Plus et Buurtsuper.be ne veulent pas d’une taxe supplémentaire

La réaction de Comeos, Feria, Fost Plus et Buurtsuper.be ne s’est pas fait attendre. Tous disent regretter que ce plan entraîne une nouvelle taxe sur les producteurs. « Les producteurs et les retailers paient déjà un demi-milliard d’euros par an: des coûts encore plus élevés entraineront une hausse du prix des produits et donc une hausse de l’achat transfrontalier » soulignent-ils avant d’appeler à un véritable dialogue.

« Pour Fevia, Comeos, Fost Plus et Buurtsuper.be, une politique d'emballage doit être basée sur une responsabilité commune. L'industrie de l'emballage paie déjà une taxe d'emballage de 320 millions d'euros par an. En outre, les producteurs et les détaillants paient 107 millions d'euros par an à Fost Plus pour, entre autres, la collecte et le traitement des déchets de PMD via le sac bleu. Entre-temps, le secteur a également accepté l'extension du sac bleu, qui coûtera 40 millions d’euros supplémentaires. Ainsi, les consommateurs pourront déposer tous les emballages qu'ils achètent dans le magasin dans le nouveau sac bleu. Par le biais de Fost Plus, le secteur paie volontairement 9,5 millions d'euros par an pour le financement de ‘De Mooimakers’. Au total, le secteur paie déjà près d'un demi-milliard d'euros par an. L'ajout d'un système de consigne de 160 millions d'euros augmentera encore les coûts des produits en Belgique. Et le résultat est bien connu : les consommateurs effectueront davantage d'achats transfrontaliers. Et cela met en péril la reprise économique parce qu'il est difficile de conserver des emplois ici » déclarent Comeos, Feria, Fost Plus et Buurtsuper.be d’une seule et même voix.

L’impact sur le portefeuille du consommateur n’est pas encore connu, mais on évoque un surcout de 25 centimes par emballage.

Des tests en Wallonie

En Wallonie, une dizaine de communes devraient prochainement tester la consigne sur les canettes. Plus précisément, il s’agit ici d’une prime de retour de 5 centimes d’euro sur chaque canette rendue à une machine. Il s’agit là d’un projet-pilote visant à évaluer l’intérêt de la consigne et à prévenir d’éventuels effets pervers sur les petits commerces. Toutefois, la majorité des partis s’accordent à dire que la consigne n’a de sens que si la mesure est prise à l’échelle nationale. Or jusque-là, en Flandre, la NV-A s’oppose au projet porté par Joke Schauvliege.

En Wallonie, il s’agit donc davantage d’une prime de retour que d’une véritable consigne. Cela signifie que le prix de la canette reste identique et qu’il n’y a donc aucun impact sur le portefeuille du consommateur. C’est Fost Plus qui financerait cette prime. Au total, on estime le coût à 250.000 euros tous les deux ans, auxquels s’ajouteront les primes de 5 cents par canette, un coût non mesurable à ce jour.