Colruyt a décidé d'imposer temporairement une limite d'achat à ses clients. Les clients professionnels achetaient en masse des produits de base bon marché, ce qui menaçait de vider les rayons.

Une  note a récemment été apposée en rayon sur les produits de base tels que la farine et le sucre dans les magasins de Colruyt Meilleurs Prix : "Maximum 10 articles par client. Afin qu'il en reste assez pour tout le monde". La raison de ce rationnement est due aux clients professionnels, qui voient une opportunité dans les prix très bas de certains produits de base : ils les achètent en gros et les revendent. "Nous avons constaté ces dernières semaines que des acheteurs et des revendeurs achètent de gros volumes, menaçant de vider les rayons", explique Nathalie Roisin, porte-parole de Colruyt, à Het Nieuwsblad. "Par conséquent, nous limitons le nombre de pièces par client. Pour de nombreux produits de base, comme le sucre, la farine, les frites surgelées et le sel, les prix sont actuellement très bas. Cela vaut certainement pour Boni et Everyday, deux marques de distributeur de Colruyt. Les acheteurs et revendeurs sont de petites superettes, des magasins d'alimentation ou des night shops, explique Pierre-Alexandre Billiet, CEO de Gondola, dans le quotidien. "Pour eux, il est désormais moins cher d'acheter leurs produits chez Colruyt que chez leur propre fournisseur. C'est donc pour l'instant une bonne affaire pour eux d'acheter de grandes quantités et de les placer ensuite dans leurs propres rayons".

Ceci peut sembler étrange à une époque où l'inflation des denrées alimentaires atteint des sommets, mais de nombreux produits de base ont entre-temps de nouveau baissé de prix sur les marchés internationaux, poursuit Pierre-Alexandre Billiet. "Les céréales coûtaient 430 euros la tonne en 2022. Aujourd'hui, le cours est à 250 euros : quarante pour cent de moins, ". La concurrence féroce sur le marché belge joue également un rôle. "Les supermarchés étrangers comme Albert Heijn, Aldi et Lidl appliquent des prix plus bas en Belgique que dans leur pays d'origine, afin de gagner des parts de marché. Tout cela joue donc un rôle. Les clients professionnels peuvent dépasser la limite d'achat fixée par Colruyt, à condition de réserver à l'avance, ce qui permet à l'enseigne d'éviter les ruptures. Mais selon Pierre-Alexandre Billiet, le problème est plus profond. "Le système est biaisé. Le secteur alimentaire est totalement libéralisé et soumis à la spéculation sur les marchés internationaux. Et c'est ainsi que l'on arrive à ce genre de situation."