Alibaba voudrait créer en 2019 un centre logistique à Hambourg, écrit le site d’information économique allemand Wirtschaftswoche. Il précise que le hub européen en… Belgique n’arrive plus à suivre la croissance des activités du géant chinois de l’e-commerce. Dans les milieux logistiques belges, personne ne connaît toutefois l’existence d’un centre de distribution dans notre pays.

Selon la publication allemande, Alibaba serait à la recherche d’un site logistique pour mieux desservir l’Allemagne et la Scandinavie. Le site en Belgique traiterait déjà 50.000 paquets par jour en direction de l’Allemagne. La croissance est tellement rapide, que ce volume devrait doubler d’ici la fin de l’année et passer à 100.000 paquets par jour, ce qui justifierait l’ouverture d’un centre dans ce pays.

Apparemment, le centre de distribution en Belgique serait situé à proximité d’un port. Raisonnablement on peut penser au port d’Anvers. Nous avons tenté de contacter le siège européen d’Alibaba à Londres et celui pour le Benelux à Amsterdam, mais en vain. Dans les milieux concernés en Belgique, on tombe des nues. Bernard Piette est le directeur de Logistics in Wallonia. Ce pôle de compétitivité wallon mise fortement sur la Chine et a de très fréquents contacts avec les milieux chinois de l’e-commerce. « Jamais dans mes contacts avec les Chinois je n’ai entendu parler d’un tel centre en Belgique. Il se pourrait que Alibaba importe via un centre d’une société logistique existante, mais cela se saurait. Cela me semble vraiment étonnant », dit-il.

Patrick Hollenfeltz, directeur de la société ECDC Logistics, qui assure depuis l’aéroport de Liège des services logistiques pour des sociétés chinoises de commerce en ligne dont la maison de mode SheIn, est lui aussi étonné de cette information. “Je sais par mes contacts que Alibaba prépare une offensive en Europe et que cela concernera peut-être la Belgique, mais jamais je n’ai entendu parler d’un centre qui serait déjà opérationnel dans notre pays”. Il n’exclut pas que cette information ait été fournie au Wirtschaftswoche pour jeter de la poudre aux yeux.

Plan stratégique

Alibaba se préparerait en effet à se lancer à l’assaut du marché européen et Hambourg ne serait qu’un élément d’un plan stratégique plus large. Le marché européen ne peut en effet être desservi à partir de la Chine. L’avion est fort cher et n’entre en ligne de compte que pour certains produits urgents et chers. Pour les produits courants, il lui faut un réseau de centres logistiques plus proches des marchés de consommation.

Le groupe ne fait pas de secret concernant ses ambitions. En octobre dernier, il a fait savoir qu’il va investir 13 milliards d’euros dans la logistique de par le monde. Mais sur la réalisation concrète de son plan stratégique, il est plus que discret: lâcher trop d’informations le déforcerait par rapport à Amazon et JD.com, son rival chinois qui a lui aussi des ambitions européennes.

Plusieurs pays

Les contours de cette stratégie commencent toutefois à se dessiner. Ainsi, Alibaba aurait commencé à construire un entrepôt hautement automatisé en Tchéquie, qui couvrira également le sud de l’Allemagne. En janvier dernier, le gouvernement bulgare a laissé entendre qu’Alibaba s’implanterait en Bulgarie. Il est également question de la construction d’un centre de distribution dans la région de Londres. Et en mars dernier, Jack Ma – le patron du géant chinois – a par ailleurs déclaré au président Emmanuel Macron qu’il compte investir dans la logistique en France.

Alibaba est donc en train de placer ses pièces sur l’échiquier. Mais est-il déjà en train de tester en grand secret sa future logistique européenne à partir d’une tête de pont en Belgique ? Pour l’instant, cela semble très improbable. Mais pas exclu.