Que font les cinq plus grands supermarchés belges pour protéger les droits des agriculteurs et des travailleurs dans leurs chaînes d’approvisionnement ? C’est à cette question que l’initiative « Super-Liste Sociale » entend donner une réponse claire via une étude basée sur des données qui seront collectées jusqu’au 15 mars. Résultats et classement seront ensuite dévoilés le 20 juin prochain.

Alors que les agriculteurs belges (et européens) ont récemment exprimé leur colère au travers de toute une série d’actions - une colère qui est toujours loin d’être apaisée - la nouvelle « Super-Liste Sociale » entend passer au crible les politiques en matière de droits humains et de commerce équitable des principales chaînes de supermarchés actives en Belgique. Cette étude, qui est une initiative du think tank indépendant Questionmark, est menée en collaboration avec l’ONG spécialisée dans l’agriculture Rikolto et bénéficie du soutien de Fairtrade Belgium et d’Oxfam Belgique. Elle a pour objectif de comparer les performances des supermarchés Colruyt, Delhaize, Carrefour, Aldi et Lidl en faveur d'un système alimentaire plus juste sur base de données qui seront collectées jusqu’au 15 mars, et dont les résultats complets, ainsi qu’un classement final, seront annoncés le 20 juin. La « Super-Liste Sociale » s’intéressera particulièrement aux politiques de prévention et de réparation en matière de droits humains des retailers, le respect pour les droits sociaux des travailleurs, le paiement de prix et l'établissement de contrats équitables, ainsi que l'accès à un niveau de vie décent pour les agriculteurs familiaux ou encore la promotion du genre. « Avec Super-Liste, nous montrons aux supermarchés les meilleures pratiques qu’ils peuvent adopter les uns des autres et où ils doivent passer à la vitesse supérieure », explique Charlotte Linnebank, directrice de Questionmark, dans un communiqué publié ce jeudi par Fairtrade Belgium.

Des conditions injustes dans le monde…

« Dans le monde entier, plus de 800 millions de personnes travaillent dans l’agriculture, souvent dans des conditions injustes », poursuit Philippe Weiler, CEO de Fairtrade Belgium. « Leurs droits humains sont souvent bafoués, notamment dans des filières telles que le cacao, le café ou encore la banane. » Dans ces dernières, les cas de travail forcé, de travail des enfants, de discrimination des femmes, etc. sont monnaie courante et les supermarchés, de par le fait qu’ils vendent ces produits, sont des acteurs importants pour lutter contre ces violations, pointe encore le label. « Ils peuvent notamment adopter des pratiques commerciales équitables mais ils peuvent aussi encourager les autres acteurs de la chaîne alimentaire à respecter les droits sociaux et les droits de l’Homme », souligne Philippe Weiler, qui ajoute que la « Super-Liste Sociale » examinera si les supermarchés utilisent ou non ces leviers.

… Et aussi en Europe

En plus d’examiner les chaînes alimentaires mondiales, l’étude s’intéressera également aux agriculteurs européens, eux qui ont dénoncé ces dernières semaines le niveau jugé beaucoup trop faible de leurs revenus ou encore le « braquage alimentaire » qui serait perpétré par les grandes enseignes, entre autres griefs. « En Europe, les agriculteurs sont encore trop souvent le maillon vulnérable, ce qui les empêche d’avoir accès à des prix équitables », déplore Philippe Weiler qui sait de quoi il parle, lui qui a notamment été responsable RSE chez Lidl Belgique avant de devenir CEO de Fairtrade Belgium. « Une situation qui nous tient aussi à coeur parce que même si on n’a pas de produits locaux certifiés Fairtrade en Belgique, on veut que tous les producteurs puissent vivre dignement de leur production, partout dans le monde. »