La valeur était au centre des interventions préalables au dîner de Gala annuel de The Retail Society, ce jeudi 17 novembre. Une soirée riche en enseignements dont nous vous livrons aujourd’hui un aperçu.

Le premier duo à entrer en scène était constitué de Christophe Sancy, Rédacteur en Chef de Gondola Magazine, et de Daan Killemaes, Rédacteur en Chef de Trends Knack. Ceux-ci se sont penchés sur l’avenir du marché, ou tout du moins sur ce que l’on peut attendre en 2017. « 2017 ne sera pas une mauvaise année pour le secteur du retail, mais ne sera pas non plus bien mieux que 2016 » entame Daan Killemaes qui dresse un bilan en demi-teinte. Celui-ci s’attend toutefois à une hausse de l’emploi et à une nouvelle dynamique portée notamment par l’économie collaborative. De son côté, Christophe Sancy se veut confiant en l’avenir du secteur, pointant également les changements en cours. « L’arbitrage d’achat évolue de manière rapide. Les priorités ne sont plus les mêmes qu’auparavant et sont extrêmement diversifiées. Nous évoluons dans un marché de plus en plus volatil », souligne-t-il.

C’est ensuite au tour de Jean-Jacques Vandenheede, ex-Retail Insights Director Europe Nielsen, de prendre la parole. Fort des données belges, européennes et mondiales de sa société, il nous indique que « le consommateur belge compense le fait de dépenser davantage par acheter moins de volumes ». Ce qui entraîne alors un volume négatif sur le total de l’année 2015. S’il observe la même tendance au niveau européen, il note que le volume reste ici positif. Jean-Jacques Vandenheede met l’assemblée en garde contre le tout promotion: « Aujourd’hui, 17% de ce que le Belge achète est en promotion. Au Danemark, cette proportion est de 44%, ne vous y aventurez pas! ». S’aventurant pour sa part ensuite sur le terrain de l’online, celui-ci précise encore: « L’achat de courses alimentaires en ligne ne représente encore que 3% du marché. Peut-on dès lors réellement parler de succès? Les retailers font aujourd’hui chez nous une erreur commune sur ce canal digital: vendre les mêmes produits, aux mêmes prix, avec un aspect convenience en plus (la livraison). Cette convenience vaut donc à peu près 3%. Tant qu’ils ne s’appuieront que sur cet élément, ils ne se développeront pas. Le futur du secteur réside dans le commerce connecté et sa plus belle opportunité est la personnalisation ».

Avant d’entrer dans le vif du sujet, Pierre-Olivier Beckers (ex-CEO Delhaize Group) a quant à lui souhaité remettre en perspective la définition complexe de la ‘valeur’. Lui aussi observe une accélération du changement dans le chef du consommateur. « Le consommateur recherche tout azimut de la proximité, du terroir, une identité sociale, etc. Cela se traduit par une approche à court terme. Le consommateur d’aujourd’hui cherche des solutions plus que des produits. Le secteur du retail est certes très dynamique, mais pas dans le bonne direction. Cette dynamique n’est pas définie en fonction des réalités de consommation actuelle ». Au côté de Pierre-Olivier Beckers, se trouvait Olivier Delangre, CEO d’Amoobi, entreprise dans laquelle le premier a investi et qui a pour objectif de comprendre comment le consommateur se comporte en magasin. « Notre vocation est internationale. 86% de notre marché est à l’étranger. On voit dès lors les tendances extérieures. En Italie par exemple, on observe une réelle prémiumisation des points de vente. En Belgique, on ose encore trop peu mettre en place des changements profonds, faire des expériences » explique Olivier Delangre.

« C’est vrai, la Belgique est complexe par sa diversité, mais c’est aussi un terrain d’expérimentation extraordinaire. Car si l'on réussit ici, on est très bien placé pour réussir à l’étranger. En Belgique, on agit souvent dans le métier en fonction d’une forme d’instinct commercial, de “buikgevoel”. C’est certes très bien, ce feeling, mais nos convictions peuvent aussi devenir notre pire ennemi. La Belgique utilise encore trop peu la science et les outils factuels » poursuivra Pierre-Olivier Beckers. Et de conclure par un souhait : « Il faut engager tout le monde à retrouver l’esprit entrepreneurial dans l’entreprise. Au lieu de détruire l’emploi, pourquoi ne pas investir dans le soutien de nouvelles idées qui pourraient permettre la naissance de nouvelles entreprises dans l’entreprise répondant aux attentes ? Il nous faut retrouver la passion. Jean-Claude Killy m’a dit un jour « la passion vient d’abord, le calcul vient après » ».

Alexandre Cleven, CEO Partena, a ensuite donné un éclairage humain aux présentations précédentes.  « Le secteur du retail joue un rôle essentiel d’ascenseur social. C’est un secteur vrai et pragmatique » a-t-il tout d’abord rappelé avant d’aborder de manière construite un sujet qui lui tient particulièrement à cœur et qui devrait prochainement faire son apparition dans l’ensemble des sociétés du secteur, celui de la gouvernance humaine, à savoir : « la mise en place d’un processus visant à ce qu’à chaque niveau de décision, l’humain soit pris en considération ».

La présence d’un constructeur automobile aussi prestigieux que Tesla dans le contexte d’une soirée centrée sur le retail et la valeur ne surprendra personne. Ce fut l’occasion pour An De Pauw, Country Manager Belgium & Luxembourg de Tesla, de tracer les grands axes stratégiques de son réseau et de sa marque qu’elle évoque sans ambages comme un retailer. C’est d’ailleurs l’avis du salon international Mapic qui vient tout juste d’élire Tesla « enseigne de l’année ». Dans un carrefour évoquant les valeurs, Antoine Lebrun, CEO de WWF Belgium, était lui aussi présent pour illustrer celles de la protection de la vie sauvage et les contraintes que cette défense impose aux filières alimentaires.

Les conférences se sont clôturées par un instant de sincérité lorsque Marc du Bois, CEO de Spadel a confié les raisons l’ayant mené à revoir la politique globale de durabilité de son entreprise : « Lorsque durant la crise de 2008, vous perdez 25% de votre chiffre d’affaires, vous traversez une période de peur. Il vous faut changer les choses. Cela passe par des licenciements, la nécessité d’innover, et ce, rapidement et la mise en place de nouveaux concepts, comme nous l’avons fait en matière de durabilité. Aujourd’hui les discussions que nous entamons avec les distributeurs vont bien au-delà des chiffres ».

 

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