Wim Swyngedouw (CEO Melitta Benelux) a été, fin 2013, élu Président du BABM, Association Belgo-Luxembourgeoise de Fabricants de produits de Marque. Celui-ci était d'ores et déjà membre du conseil d'administration depuis 2004. Il a repris les fonctions de Président qu'occupait Ben Lambrecht (Coca-Cola Enterprises) jusqu'en décembre 2013.

Premièrement, félicitations! Vous y attendiez-vous?Oui et non. Ben Lambrecht n'occupant ce poste que depuis trois ans… Mais Coca-Cola lui ayant attribué des fonctions en France, j'ai eu à m'occuper du suivi ici. J'ai longtemps fait partie du conseil d'administration et il y a eu ces dernières années beaucoup de nouveaux CEO étrangers. Or l'une des conditions pour obtenir le poste de président est d'être bilingue (français/néerlandais).

Quelles sont les principales différences entre vous et vos prédécesseurs?Je suis le premier président venant d'une petite entreprise. Melitta tient en effet plus d'une PME multinationale que d'une multinationale à proprement parler. Le fait que je sois aujourd'hui élu président du BABM est le signal que l'association souhaite faire un pas de plus vers les plus petites entreprise. Toutefois, je pense qu'y n'y aura que peu de différences. J'ai l'intention de poursuivre dans la lignée des deux derniers présidents. Les fondations sont là, il me reste aujourd'hui à construire.

Qu'allez-vous construire?Le plan comprend trois étapes. 1) Miser davantage sur la valeur ajoutée de la technologie, en ce compris le "coupon data pool". 2) Développer nos contacts avec les parties prenantes. Nous travaillons aujourd'hui de manière probante avec des organisations comme Fevia ou Comeos sur différents dossier, mais souhaitons également davantage ouvrir le dialogue avec le monde politique et académique quant aux thèmes relatifs aux marques. 3) Le développement du centre de connaissance doit permettre d'offrir une valeur intrinsèque au BABM.

Concrètement, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste ce centre de connaissance et son objectif?Ce centre de connaissance, qui débutera en février, collectera les différents données et effectuera ou commandera des enquêtes et études et en analysera les résultats en vue de souligner la valeur ajoutée des marques. Ce centre sera dirigé par trois CEO issus du BABM (Nils van Dam d'Unilever, Bernard Deryckere d'Alpro et Olivier Vernier de Kellogg's) et assisté par le cabinet de consultation Bain  & Company, le bureau de communication Interel et en fonction des sujets abordé, par des experts externes (en economie ou du monde académique). Cette équipe devra construire une base de donnée des résultats d'études qui appuiera la valeur ajoutée des marques en termes économique et social.

Le centre de connaissance deviendra, j'en suis convaincu, l'une des meilleures sources d'information tant pour nos membres que pour les acteurs du secteur. Au lieu de réagir à l'actualité, nous pourrons nous montrer pro-actifs grâce à ce que nous entendrons directement des acteurs du marché. Le centre de connaissance aura donc un grand rôle à jouer pour que le BABM ait davantage de poids dans le débat.

Quels sont les principaux défis qu'auront à relever les marques en 2014?Selon moi, le plus grand défi sera de l'ordre du comportement des marques face à ce qu'il se passe sur la toile: e-commerce, points de retrait, publicité online, etc. L'image des magasins devrait selon moi considérablement changer d'ici cinq ans. Ils devraient d'ici là disposer de moins de produits, mais miser davantage sur l'expérience d'achat.

Qu'en est-il de la montée des MDD et hard discounters? Ne craignez-vous pas qu'ils prennent le pas sur les Marque A?Les private label avancent sur le marché mais n'innovent pas et dès lors ne créent pas de nouveaux marchés. Ils ont pour cela besoin des marques A. Ce sont les marques qui tirent vers le haut les catégories. De plus, on observe que Lidl enregistre une forte croissance depuis que les marques A ont envahi ses rayons. Cela s'explique par le fait que les marques A stimulent l'impulsion et attirent le consommateur. Sans marques A, pouvez-vous de dire ce qui différencierait encore un Carrefour d'un Aldi?

Une dernière question: les membres du BABM étant tous concurrents, comment cela fonctionne-t-il?Nous avons tous un intérêt commun: celui que nos produits soient vendus en grandes surfaces. Avec le centre de connaissance, nous serons désormais en mesure d'apporter des réponses aux différents acteurs de manière ciblée et efficace, dans le respect des règles de l'information et de la concurrence.