Selon une récente étude d'UAntwerpen, 60% des commerçants ne facturent pas de frais de livraison pour les commandes en ligne et 70% d’entre eux estiment que leur service en ligne ne sera plus d’application après la crise sanitaire actuelle.

Suite à la fermeture des magasins lors du premier confinement déjà, de nombreuses boutiques avaient lancé un service de e-commerce. Cependant, nombreux sont les commerçants qui considèrent ces boutiques en ligne comme temporaires. Les recherches de Joris Beckers et Ann Verhetsel, associés au département des transports et de l'économie spatiale de l'université d'Anvers, montrent que 50% des retailers qui ne vendaient pas encore en ligne se sont lancés dans l’expérience depuis la crise. « En moyenne, cela leur a permis de réaliser 20% de leur chiffre d'affaires », explique Joris Beckers. « En combinaison avec le soutien du gouvernement, cela a suffi à de nombreux détaillants pour garder la tête hors de l'eau. »

Les grands acteurs internationaux tels que bol.com ou encore Zalando sont les rares gagnants de cette crise, mais le nombre moyen d'achats en ligne par mois de produits alimentaires et non alimentaires locaux a également augmenté, respectivement de 110% et 66%. « Pour la nourriture, c'est tout à fait logique, car il est peu logique de commander aux Pays-Bas, par exemple, mais surtout le fait que de nombreux produits non alimentaires ont également été achetés localement est encourageant. Ca montre que de nombreux consommateurs ne choisissent pas seulement Coolblue et Amazon, mais aussi la boutique en ligne locale », déclare Joris Beckers. Des magasins locaux dont le nombre moyen de commandes en ligne par semaine a doublé. « Malheureusement, nos recherches montrent que de nombreux détaillants ne prennent pas au sérieux leur nouvelle boutique en ligne. Par exemple, seuls 25% des commerçants ont fait appel à une société professionnelle ou à une organisation (sectorielle) pour la mettre en place. La plupart des nouveaux canaux de vente ont donc été mis en place par les commerçants eux-mêmes dans le temps imparti. De plus, 60% d’entre eux n'ont pas demandé de frais de livraison, bien que plus de la moitié des répondants aient indiqué qu'ils effectuaient eux-mêmes la livraison, la majorité d'entre eux sur des distances de plus de 10km. Enfin, 70% ne voient pas la boutique en ligne comme un canal de vente important à l'avenir. Pour la plupart des magasins locaux, les ventes sur le web semblent être une stratégie de survie temporaire plutôt qu'une transition durable vers un secteur du retail innovant », détaille Joris Beckers.

Concurrence à l’étranger

Selon les économistes anversois, les conséquences d’une telle logique sont que la plupart des commerçants restent dépendants du soutien du gouvernement. « Après la crise, les gens continueront à faire leurs achats en ligne. Si les magasins locaux arrêtent leur boutique en ligne, ils iront de toute façon sur bol.com et autres acteurs e-commerce. Le nombre d'acheteurs physiques dans nos rues commerçantes va diminuer et beaucoup d'argent belge va circuler en ligne vers des sociétés étrangères. »

« Le deuxième confinement doit vraiment être un signal d'alarme pour nos commerçants », déclare la professeur Ann Verhetsel. « Les entrepreneurs devraient maintenant bénéficier des efforts déployés et professionnaliser leur canal en ligne. UNIZO et les organisations similaires devraient les soutenir. »