L’Observatoire de la consommation révèle quelques tendances autour de la consommation de boissons alcoolisées et non alcoolisées des Belges francophones. “Les répondants annoncent qu’ils souhaiteraient acheter plus de boissons locales”, évoque Julien Capozziello, responsable de l’Observatoire de la consommation.

L’Observatoire de la consommation, organe de l’Apaq-W, agence wallonne pour la promotion d’une agriculture de qualité, s’est intéressée à la consommation de boissons non alcoolisées et alcoolisées en Belgique francophone. En conclusion, l’étude montre que les Belges francophones ont l’intention de consommer plus de boissons produites au niveau local. Resituons d’abord le contexte. En novembre 2023, une série de questions ont été posées à un panel représentatif de 1.000 belges francophones âgés de 18 à 64 ans, la marge d’erreur étant de 3,1 %. Au cours des trois mois ayant précédé l’enquête, la boisson non alcoolisée la plus consommée au moins une fois par les Belges francophones a été le café (81 %), suivi par les softs et limonades (80 %) et enfin les jus de fruits et légumes (67 %). “Au sein des tranches d’âge, le café est plus souvent cité par les 55+ (92 % de ce groupe-cible) et moins par les moins de 35 ans (70 %)”, précise Julien Capozziello, responsable de l’Observatoire de la consommation. “Nous parlons bien ici du taux de pénétration, ce qui ne donne pas d’indication sur la quantité consommée. Nous pourrions en effet supposer que le café est plus fréquemment consommé que les limonades. L’étude accrédite cette hypothèse puisque 77 % des consommateurs de café affirment en consommer au moins une fois par jour, ce qui n’est le cas que pour 40 % des consommateurs de softs.” Quant aux boissons alcoolisées, 47 % des répondants affirment avoir bu au moins une fois du vin (blanc, rouge ou rosé) au cours des trois mois ayant précédé l’enquête, 46 % de la bière et 34 % un spiritueux ou alcool fort. “En termes de récurrence, la moitié des répondants affirme quant à eux boire au moins une bière par semaine, soit plus que le vin”, poursuit Julien Capozziello.

La bière, boisson locale la plus plébiscitée

L’un des objectifs de cette étude était surtout de connaitre les motivations des belges francophones autour des boissons locales. Parmi les 1.000 répondants, 23 % affirment consommer des boissons non alcoolisées wallonnes, dont en premier lieu les jus de fruits ou légumes (45 %), suivi par les softs et limonades (41 %)  et le café (37 %). “Il est bien entendu clair que le café ne pousse pas en Wallonie, les répondants assimilent en effet le café à une boisson locale par rapport au savoir-faire de la torréfaction notamment”, évoque Clément Manguette, responsable communication au sein de l’Observatoire de la Consommation. Quant à la consommation de boissons alcoolisées locales, consommées par 29 % des répondants, le produit le plus souvent cité est la bière (64 % des consommateurs), suivi par le vin de raisin (22 %) et enfin le cidre (18 %). “Même si ces chiffres peuvent sembler faibles, nous observons que les consommateurs ont l’intention d’augmenter les achats locaux, ce que nous remarquions déjà pour d’autres catégories de produits”, évoque Clément Manguette. Concernant les boissons non alcoolisées, 73 % des consommateurs disent qu’ils en consommeront à l’identique dans les mois et années à venir, 6 % disent qu’ils diminueront leur consommation et 21 % disent qu’ils l’augmenteront. Concernant les boissons alcoolisées, 78 % parlent de stabilisation, 6 % de baisse et 16 % d’augmentation.

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‘‘La grande distribution a une carte à jouer’’

Avec pour premier objectif de mieux cerner les attentes du consommateur belge francophone, cette étude permet surtout de mettre en évidence les possibilités de développement du secteur des boissons au niveau local. “L’étude montre par exemple que près de 9 consommateurs sur 10 plébiscitent la grande distribution pour l’achat de boissons alcoolisées et non alcoolisées”, poursuit Julien Capozziello. “En supposant que les consommateurs vont effectivement acheter plus de boissons locales dans les mois et années à venir, la grande distribution a une belle carte à jouer. Une meilleure mise en avant de ces types de produits augmenterait leur potentiel de vente. Et ce d’autant plus que les trois freins principaux pour l’achat des produits locaux sont le manque de visibilité, l’absence de réflexe d’achat et l’attention qu’on porte à l’origine des produits. Par ailleurs, les deux premiers leviers qui poussent à l’achat sont le goût et le soutien aux producteurs locaux. Un des messages-clé de communication pourrait par exemple être de dire ‘si vous buvez moins, buvez local’. D’autant plus que, respectivement 45 % et 43 % des consommateurs de boissons non alcoolisées et alcoolisées, ne savent pas si les boissons qu’ils consomment sont locales. Cette méconnaissance justifie d’autant plus les efforts de promotion en faveur de ces produits. Nous devons capitaliser sur le potentiel futur de consommation d’origine wallonne et travailler sur la connaissance du consommateur.” 

“Le secteur des vins est en pleine ébullition”

Philippe Mattart, directeur général de l’Apaq-W, souligne le dynamisme du secteur viticole en Wallonie.

Aujourd’hui, quelles tendances observe-t-on au niveau des boissons en Wallonie ? 

La viticulture, tant du côté des vins pétillants que des vins tranquilles, est en pleine ébullition. Entre 2020 et 2024, la surface viticole a augmenté de 20 % et tous les indicateurs portent à croire que le développement se poursuivra ces prochaines années. Cet engouement ne se reflète pas seulement au niveau des volumes, mais également au niveau de la qualité. Tant du côté des bulles, que des vins blancs ou rouges, de nombreux vins wallons ont été récompensés. Par ailleurs, nous observons une véritable spécificité wallonne, tant en termes de cépages utilisés que de savoir-faire. Ces éléments offrent aux vins wallons un atout concurrentiel par rapport aux vins d’origine plus classiques, comme le vin français ou italien.

De manière générale, quelles actions l’Apaq-W met-elle en place pour mettre en avant le secteur des boissons ? 

Nous développons des actions pour le grand public et les professionnels via notre plateforme ‘Je cuisine local’ (www.jecuisinelocal.be). Au niveau B2C, les consommateurs peuvent télécharger l’application ‘Je cuisine local’ afin de trouver les producteurs wallons, et donc les producteurs de boissons, installés près de chez eux. L’application référence pas moins de 1.000 points de vente et 70 restaurants Tables de terroir. Les consommateurs peuvent également trouver des infos et trucs et astuces autour de l’alimentation locale et durable. Au niveau B2B, notre plateforme ‘Jecliquelocal.be’ met en relation les producteurs avec les acheteurs professionnels. Concernant le secteur des boissons : les viticulteurs, les brasseurs ou les producteurs de jus de fruits peuvent s’inscrire sur la plateforme, c’est assez simple et intuitif. Ils peuvent ensuite référencer leurs produits. Les acheteurs, qu’ils soient actifs dans l’horeca ou même des gérants de magasins franchisés, peuvent ainsi connaitre l’offre wallonne et éventuellement les commercialiser dans leur point de vente.