Une véritable crise alimentaire est peu probable en Europe, mais la Commission européenne prend des mesures pour garantir que la production et l'approvisionnement alimentaires restent au niveau requis. Le commissaire européen polonais à l'agriculture, Janusz Wojciechowski, a promis une aide de 330 millions d'euros à l'Ukraine pour l'accès aux biens et services de base. Les agriculteurs européens recevront également un demi-milliard d'euros pour faire face à la hausse des coûts des aliments pour animaux, de l'énergie et des engrais. Sur ce montant, 6,3 millions d'euros sont destinés aux agriculteurs belges. Les agriculteurs dépendent de l'Ukraine et de la Russie, entre autres, pour les engrais et les aliments pour animaux.

Alternatives aux engrais

Pour l'instant, la Commission ne modifie pas les objectifs de durabilité que l'agriculture doit atteindre, bien que certains députés européens plaident en ce sens. L'Europe assouplit toutefois temporairement certaines exigences. L'une d'elles est que les terres en jachère et les "zones d'intérêt écologique" peuvent être utilisées pour la culture. La possibilité d'épandre du fumier ou lisier, comme alternative aux engrais de synthèse actuellement très coûteux, est également sur la table. La proposition d'une réduction obligatoire de 50 % de l'utilisation des pesticides d'ici 2030 a été temporairement abandonnée.

Un recul ?

Certains s'inquiètent de la facilité avec laquelle les exigences de durabilité sont remises en cause, alors qu'il n'y a pas de véritable crise alimentaire en Europe. Les lobbies agricoles en Europe profiteraient de la guerre en Ukraine pour se débarrasser des exigences strictes en matière de durabilité qui sont débattues depuis des années, alors que les défis climatiques ne sont pas relevés. Il y a quelques jours à peine, le GIEC, le groupe d'experts des Nations unies sur le climat, a publié un autre rapport de mauvais augure. Au niveau belge, le ministre de l'économie Pierre-Yves Dermagne (PS) et le ministre de l'agriculture David Clarinval (MR) surveillent, avec le secteur agricole et alimentaire, l'impact de la guerre en Ukraine sur la chaîne alimentaire, afin d'éviter les rayons vides. On ignore encore quelles mesures concrètes ils prendront.