« Mestdagh n’est pas aux urgences, mais n’est pas en très bonne santé » : c’est là l’une des phrases clés prononcées par Eric Mestdagh dans le cadre d’une interview accordée à L’Echo. Morceaux choisis de l’entretien qu’ont tenu nos confrères avec Guillaume Beuscart, nouveau CEO du groupe, et Eric Mestdagh, qui s’est retiré, avec son frère John, de la direction opérationnelle pour se consacrer aux grandes opérations stratégiques.

Le contrat liant Mestdagh à Carrefour sera-t-il reconduit?

Premier grand sujet abordé dans le cadre de cette interview: la reconduction ou non du contrat qui lie le groupe Mestdagh au groupe Carrefour. Pour rappel, ce contrat qui lie les deux sociétés arrive à échéance en 2020, et il faudra dès lors renégocier les termes de celui-ci s’il est renouvelé. A la question de savoir si cette reconduction est inéluctable, Eric Mestdagh se veut à la fois confiant eti mesuré. « Naturellement, il me paraît logique que nous allions vers Carrefour. Cela fait tout de même plus de 20 ans que nous travaillons avec eux, et nous avons renouvelé notre contrat à trois reprises. Mais pour se marier, il faut être deux. Nous allons donc étudier la position de Carrefour et verrons dans quelle mesure nous pourrons inscrire notre projet local dans le projet global de Carrefour ».

Expérience d’achat

Si Eric Mestdagh dit n’écarter aucun scénario en matière d’expansion, il précise vouloir se concentrer sur l’ADN du groupe. Sa priorité, dit-il, c’est de miser sur l’excellence dans ce pour quoi le consommateur reconnaît à Mestdagh une véritable valeur ajoutée, plutôt que de se disperser. « Quand le client vient dans notre magasin, il doit vivre une vraie expérience olfactive, gustative, visuelle. C’est plus important que de miser sur une expansion géographique qui, à un moment donné, risque de nous faire perdre notre ADN » précise encore Eric Mestdagh à L’Echo.

 

Un plan stratégique en cours d’élaboration

A n’en pas douter donc, l’expérience d’achat fera pleinement partie du plan stratégique sur lequel Guillaume Beuscart et le conseil d'administration du groupe travaillent actuellement.  Car la société ne se porte pas pour le mieux, comme l’explique Eric Mestdagh : « Je ne vais pas vous cacher que la société ne va pas très bien. Les chiffres ne sont pas encore disponibles, mais nous serons encore en perte en 2017. Nous ne sommes pas aux urgences, mais Mestdagh n’est pas en très bonne santé. Le chiffre d’affaires de nos 83 magasins (dont 52 intégrés) reste quant à lui stable aux alentours de 700 millions d’euros. »

« Un plan stratégique est en cours d’élaboration, et nous devrions avoir une idée assez claire de la vision de l’entreprise vers la fin du premier trimestre. » Guillaume Beuscart, le nouveau CEO, évoque quelques pistes: «  Mestdagh s’est construit autour de la boucherie. Mais la consommation de viande décline de 5% par an en Belgique. Par contre, il y a une évolution sur les plats préparés. Une piste serait donc de travailler davantage là-dessus. Nous développons aussi de plus en plus le bio. Il faudra aussi revoir notre assortiment ».

Quant à savoir comment financer les développements futurs et avancées technologiques qui feront partie de la nouvelle stratégie, Guillaume Beuscart explique: «  Nous sommes en train d’analyser les paramètres sur lesquels nous devons nous adapter, et nous définirons tout cela dans le cadre d’un plan stratégique élaboré sur un horizon de deux ou trois ans. » Et Eric Mestdagh d’ajouter, en tant qu’entreprise non-cotée, il serait facile de ramener les comptes dans le vert en arrêtant par exemple la formation et les investissements. « Mais cela a-t-il du sens dans une entreprise familiale qui a 118 ans et qui regarde sur le très long terme? Ce n’est pas dans notre philosophie. Nous ne voulons pas dénaturer notre savoir-faire en réagissant à la petite semaine. Avec Guillaume, nous voulons bâtir sur des bases solides. »

« On vit une période de changements engendrés par la révolution numérique et par l’évolution des modes de consommation. Mais cela offre des opportunités à ceux qui sauront les saisir. Il y a de formidables défis, mais aussi de belles opportunités » conclut Guillaume Beuscart.

Lisez l’intégralité de l’interview réalisée par nos confrères de L’Echo.