Les syndicats organiseront le 22 mai prochain une journée d'action nationale dans tous les secteurs, ont confirmé ce vendredi les différentes organisations à Gondola. « Le retail est clairement en train de devenir un dossier symbolique. Mais si l’on décide d’en faire un symbole, il faut disposer de garanties suffisantes que la bataille peut être gagnée. Cela me semble compliqué face à un groupe international comme Ahold Delhaize », a réagi Pierre-Alexandre Billiet, CEO de Gondola Group.

Les syndicats organiseront une journée d'action nationale intersectorielle le 22 mai. « Cette journée était normalement prévue le 10 mai et limitée au seul secteur du commerce de détail, mais elle sera finalement élargie et nous organiserons des actions au niveau intersectoriel. Tous les secteurs seront donc impliqués, y compris le secteur bancaire par exemple », explique Kristel Van Damme, du syndicat ACV Puls. « Nous nous efforçons de donner davantage d'ampleur à la lutte contre l’abaissement des salaires et des conditions de travail. »

Les motivations premières des syndicats étaient à l’origine tout à fait compréhensibles, ce qui explique que 70 universitaires se soient prononcés en ce sens. « Mais entre-temps, les choses ont commencé à déraper. On ne peut pas tout simplement stigmatiser le deuxième employeur de Belgique, le secteur du retail, parce que la situation de chaque retailer est différente », estime Pierre-Alexandre Billiet.

Aldi, Brico et Carrefour se distancient de la mise sous franchise et des fermetures en Belgique

Plusieurs retailers, dont Aldi, Brico et Carrefour, ont communiqué en interne à leur personnel qu'ils se distanciaient d'éventuelles mises sous franchise de magasins intégrés ou de possibles fermetures à court terme. Les raisons de cette communication interne et de cette prise de position claire sont sans doute à chercher dans les rumeurs antérieures concernant la journée de grève nationale du 22 mai. Au cours de celle-ci, une marche vers le siège de Delhaize devrait être organisée, mais des blocages en différents lieux pourraient également intervenir. « Cela devrait déclencher une réflexion dans le chef des retailers et des syndicats : est-ce que tout doit aller si vite ? Le retail devient un dossier symbolique où l'essentiel risque d'être perdu : l'emploi, la qualité de l'emploi et la performance économique des entreprises sont liés mais ils ne peuvent tous être résolus par la même formule magique », souligne Pierre-Alexandre Billiet. « De plus, les dommages collatéraux seront énormes. On parle aujourd'hui de la chute de bpost, mais regardez quelle était la part du retail dans le chiffre d'affaires et les marges des entreprises de services en Belgique ? Pour bpost, la branche retail & consumer goods était de loin la plus importante dans le courrier grâce à des produits comme les forlders et le mailing directe. Par conséquent, les syndicats devront bientôt paralyser un grand nombre d'entreprises, car le retail et la consommation privée représentent environ 50% du PIB. »

Un rapprochement en douceur

La meilleure façon d'assurer la continuité dans le retail est de parvenir à effectuer un rapprochement en douceur des commissions paritaires et de calmer toutes les parties, avance Pierre-Alexandre Billiet. « Par contre, une posture dure des syndicats et une stigmatisation du retail ne feront que créer encore plus d'agitation dans un secteur qui a déjà beaucoup de mal à s'adapter à l'évolution de la société. Une journée de grève nationale dans tous les secteurs ne fera qu’assimiler le retail, dont les membres ont des positions très différentes sur la question de la franchise, à un seul bloc : tout sens de la nuance et toute négociation en douceur deviendrait alors vains », conclut-il.