Portrait Jo Caudron, serial entrepreneur : "Je vois des liens que les autres ne voient pas"

Le digital entrepreneur Jo Caudron est la figure de proue de la société de conseil Scopernia. Il a créé l'une des premières sociétés Internet en Belgique et a contribué à la création d'environ 25 entreprises. Par ailleurs, il a également signé 5 livres et sera présent en tant que conférencier aux Gondola Days 2020. Portrait.

Le nom de Jo Caudron peut ne pas sembler familier pour certaines personnes. Pourtant, ce digital entrepreneur est une véritable célébrité dans l’univers online depuis 25 ans. Son histoire a commencé à Termonde, où il a étudié les sciences humaines au Holy Virgin College. Jo Caudron se passionne pour l'informatique dès l’âge de 10 ans. Bien avant l'apparition des premiers ordinateurs Apple, il possédait déjà son premier ordinateur et était au courant des dernières tendances. A ce moment-là, il ne pensait pas encore concrétiser quelque chose. A l’âge de 18 ans, Jo Caudron suit une formation autour des langues slaves. Au bout d'un an, il bifurque vers une formation de bachelier en mode – vraisemblablement plus intéressant - dans une Haute Ecole située à Alost. "C’était un accident de parcours", assume Jo Caudron. "Je dois admettre que je ne m'intéressais pas à la mode. À cette époque, je voulais devenir musicien et faire des concerts partout. Heureusement, mes parents m'ont fait comprendre que ce n'était pas une longue carrière". Il a donc suivi sa bien-aimée de l'époque qui voulait étudier la mode.

Jo Caudron ne tarde pas à revenir sur sa grande passion : la technologie. Après avoir travaillé pendant un an comme assistant de direction pour une entreprise de confection de vêtements à Merchtem, puis tenté de créer sa propre marque de vêtements, il a mis fin à sa carrière dans le secteur de la mode et a décidé d'étudier la technologie numérique. "La marque de vêtements n'a pas été un succès. Je l'avais fondée avec quatre amis d'école, mais nous n'avions aucune expérience. Dans mon enthousiasme de jeunesse, ou dans mon arrogance, je pensais que ça marcherait, mais en réalité, il fallait plus que ça pour que cela fonctionne. Ce n'est pas parce que vous pouvez réalisez une collection que pouvez les vendre", rigole l’entrepreneur, qui ne pratique pas la langue de bois. Un an et demi après le lancement de sa marque de vêtements, la société a redémarré et en 1994 et s'est transformée en l'une des premières sociétés Internet en Belgique. The Reference était une réalité. Cette entreprise, qui a démarré dans le développement de sites web, s'est rapidement transformée en grand groupe (The Reference Group) dotée de plusieurs sociétés, dont The Reference et la société de technologie xCA. Jo a été à la tête du groupe pendant 7 ans, de xCA et de The Reference, mais a pris sa retraite en tant que dirigeant de ce dernier en 2000 et a finalement quitté officiellement la société en 2003. Caudron considère toujours son passage au sein de The Reference Group comme l'une de ses plus belles réalisations. "Nous avons été la toute première société Internet. En quelques années seulement, nous avons permis à l'entreprise de se développer pour devenir un groupe de 200 personnes et nous avons réussi à ne pas laisser l'entreprise sombrer dans l'excès après le crash internet de 2001", témoigne l'entrepreneur. "Bien que cette croissance rapide ait été amusante, en tant qu'entrepreneur, j'ai beaucoup appris sur la façon de créer une entreprise dans les moments difficiles. Cela valait de l'or."

Ensuite, tout est allée très vite. Une entreprise après l'autre a pris son envol. Au total, Jo Caudron a créé 25 sociétés à son nom. De la toute première société belge de télévision interactive "tvAgency" à la société de conseil "Originals" à l'agence ONE, une des première agences à se concentrer entièrement sur les médias sociaux et la vidéo en ligne. Bien que cet homme de 51 ans n'ait pas hérité de son esprit d'entreprise de ses parents - son père était facteur et sa mère infirmière - il a toujours été présent. À l'âge de 12 ans, par exemple, il a publié son propre magazine pour une centaine d'abonnés et a été président d'un comité d'événements dans l'enseignement supérieur. "Mon esprit d'entreprise a toujours été là." Son secret pour réussir ? Rester toujours en avance et garder des connexions. "Il faut être visionnaire et traduire vos idées en quelque chose qui peut changer les choses, quelque chose qui n'existe pas encore. Vous devez également établir des liens. Je n’ai pas de grandes connaissances mais je fais rapidement le lien entre tout. Ces deux facteurs me font voir des liens que d'autres ne voient pas. Et cela mène au succès."

Tout n'était pourtant pas rose. L'entrepreneur a connu d'importants revers. "Bien sûr, tout ce que j'ai fait n'a pas été couronné de succès. Cela m'est arrivé plusieurs fois qu'une idée n'aboutisse à rien, qu'une entreprise fasse faillite ou qu'il faille redémarrer une autre entreprise", admet-il sans hésiter. "Sur le plan économique, il n'y a que quelques entreprises avec lesquelles j'ai gagné de l'argent. Le reste m'a semblé intéressant, même si j'ai parfois investi plus d'argent que ce que j'en ai retiré". L'agence ONE en est un exemple. Sur le plan économique, nous avons réussi à faire décoller la société. Il y a même eu des différends avec les actionnaires. "À l'agence ONE, j'ai beaucoup appris sur le plan interpersonnel : comment traiter au mieux avec les partenaires, les actionnaires et les collègues. Bien que l'agence se soit avérée être un échec en fin de compte, je la considère comme une bonne expérience d'apprentissage pour le reste de ma carrière", poursuit-il.