Quelle est l'importance du nationalisme dans le secteur alimentaire et quel est le rôle des marques A dans la catégorie des produits frais ? Filip Fontaine, directeur du VLAM et intervenant au Congrès du Frais (mercredi 11 mars), organisé par Gondola, apportera les réponses à ces questions, même autour du coronavirus, qui suscite aussi de nombreuses questions dans le milieu du retail.

Lors du Congrès du Frais, vous parlerez de l'importance des marques A dans le secteur des produits frais. De quoi parlerez-vous exactement ?

Je ne veux pas tout dévoiler, mais je vais notamment expliquer à quel point cela demande des efforts pour construire un label qui apporte un véritable impact sur le consommateur dans le secteur des produits frais. Chez VLAM, nous avons fait des recherches à ce sujet et notre conclusion est que les consommateurs ne se soucient pas tant que ça des marques. Bien sûr, il reste encore beaucoup de nuances et de clarifications à apporter, chose que je ferai lors du congrès. Nous avons constaté que la plus grande connaissance du frais se trouve dans les labels qui existent depuis longtemps. Citons notamment Flandria et Belgische Kazen (fromages belges). Il faut investir massivement pour les faire exister. Nous constatons également que les achats locaux et saisonniers sont importants pour les consommateurs.

Nos recherches montrent également que les consommateurs sont prêts à payer plus cher si les agriculteurs obtiennent un prix équitable garanti pour leurs produits. Honnêtement, je n'y crois pas beaucoup : il s'agit juste d'une réponse socialement acceptable mais le prix reste l'argument d'achat le plus important pour les consommateurs. Au moins cher, au mieux. C'est ce que montrent toutes les recherches. Nous constatons également que les consommateurs ont repris confiance dans l'alimentation en général. Cela s'explique en partie par le fait qu'il n'y ait pas eu de grand scandale ces derniers temps ou encore dans le fait que les labels sont devenus beaucoup moins importants en un an. Lorsque la confiance est moindre, les gens commencent à chercher des étiquettes qui offrent une certitude. S'il y a plus de confiance, comme c'est le cas actuellement, les labels perdent de leur importance.

Il existe un certain nationalisme dans l'achat des produits. Est-ce réaliste, à une époque où de nombreux produits sont fabriqués à l'échelle internationale ?

Oui, je suppose. Les gens pensent qu'il est important d'acheter localement. C'est une raison importante lorsqu'on achète des produits frais. Je pense également que nous devrions encourager ce chauvinisme. C'est ce que nous essayons de faire avec le VLAM. Nous pouvons être fiers de ce que nous produisons tous. En termes d'alimentation, nous sommes un pays largement autosuffisant. Nous ne ferons face à aucun problème d'approvisionnement de nourriture à cause du coronavirus. La Grande-Bretagne, par exemple, ne peut pas en dire autant si la situation s'aggrave.

Ces dernières années, le rayon des produits frais est devenu le cœur de nombreux supermarchés. Comment expliquez-vous cela ?

C'est un développement logique : avec votre rayon de produits frais, vous pouvez vous distinguer en tant que supermarché et ainsi montrer qui vous êtes. Vous ne pouvez pas faire de même avec Pampers ou Coca-Cola, avec tout le respect que l'on doit à ces produits. Une chose tout aussi importante : vous pouvez faire la différence sans devenir fou.