Alors, panique au supermarché, ou pas ? Gondola ne cherche ni à alimenter la psychose, ni à recenser chaque nouveau cas de contamination déclaré. Mais puisque nous couvrons spécifiquement le secteur de l’alimentation, il est légitime de se pencher sur la question. L'institut Nielsen, qui analyse les chiffres sur le secteur, nous livre en exclusivité la progression des ventes pour la première semaine de mars.

Le premier bilan est assez conforme aux tendances observées dans les autres pays touchés, de près ou de loin, par l’épidémie, en particulier si l’on tient compte du fait que le premier cas n’a été signalé chez nous que le 4 février, environ un mois plus tard qu’en Italie, en Allemagne ou en France. Le premier produit touché, celui sur lequel se ruent les consommateurs, est le gel désinfectant, nous confirme Johan Vrancken, Managing Director de Nielsen Benelux : “L’incertitude entourant la situation sanitaire actuelle exerce une influence croissante sur le comportement des consommateurs, qui suivent les recommandations des autorités, mais adoptent aussi des mesures de précaution. Toutes les réserves de gel désinfectant se sont arrachées des rayons, et bien des retailers sont en rupture de stock.” 

Premier réflexe : se protéger

La croissance des ventes de gel sanitaire s’est élevée, au cours de la 9e semaine de 2020, à +495% par rapport à la même période, l’an passé. Comme dans d’autres marchés, tels que l’Italie ou les USA, les ventes de gel désinfectant et de masques de protection ont représenté le premier et spectaculaire pic de ventes. Si l’on considère les ventes enregistrées sur une période plus étendue, entre la sixième et la neuvième semaine, la croissance atteint +245%.

Si l’on se penche sur les ventes des produits que le consommateur a tendance à stocker en période ou situation de crise (produits d’entretien, pâtes, riz, conserves), on ne trouve pas un impact important au cours des 8 premières semaines de l’année. Mais les choses changent dès la 9e semaine, celle de la recrudescence des cas en Belgique. Entre le 24 février et le 1er mars, les ventes ont considérablement gonflé pour un groupe de produits composé du riz (+40%), des flocons de pomme de terre (+32%) et des pâtes (+28%). “Le COVID-19 est rapidement passé du statut de problème lointain touchant d’autres pays à une réelle péroccupation en Belgique,” commente Johan Vrancken.

Effet passager ou plus durable?

Dans de nombreux cas, le stockage opéré par les ménages aura simplement pour effet de différer des achats futurs (papier toilettes, fournitures médicales), et il devrait y avoir à moyen terme un passage à vide des ventes de ces produits, le temps qu’ils soient progressivement utilisés. En revanche, pour d’autres catégories, et tout particulièrement pour l’alimentaire, le marché va croître puisque les ménages auront davantage que d’habitude tendance à consommer à domicile. L’effet du stockage est également positif pour l’épicerie en ligne. Pour peu qu’ils y trouvent une expérience d’achat simple, des prix compétitifs et des solutions de livraison ou d’enlèvement commodes, les consommateurs se tournent en ces temps turbulents vers l’e-commerce, et sont prêts à explorer des canaux de distribution alternatifs si le stock y est disponible.

Ailleurs dans le monde

Les premières analyses menées par Nielsen sur les principaux pays ont montré, en particulier en Chine, aux USA et en Italie, que le consommateur s’y ruait sur les rayons pour se constituer des réserves. Les ventes de gels désinfectants et masques médicaux ont asséché les stocks, sans qu’on puisse dire quand ceux-ci pourront être reconstitués.  En Malaisie, la croissance des ventes de gel désinfectant a dépassé de 800% la moyenne hebdomadaire. En Italie, les ventes de savon pour les mains ont progressé de 29%, celles de  thermomètres de 24%.