Jamais il n'y a eu autant de promotions dans les supermarchés de Belgique. La part des promotions dans le chiffre d'affaires total des supermarchés de notre pays a dépassé les 19% pour la première fois au cours des quatre premiers mois de l'année. « Les supermarchés veulent principalement attirer les clients à une époque où les prix augmentent et où les consommateurs dépensent à nouveau leur argent ailleurs. »

Malgré la hausse des prix des matières premières et de l'énergie, les promotions dans les supermarchés belges atteignent des sommets. « Au cours des 4 premiers mois, leur part est passée à 19,2%, selon les chiffres de NielsenIQ », explique Silvie Vanhout de Gondola Academy. « Cela signifie que près d'un cinquième des ventes des supermarchés proviennent de ces promotions. Ce pourcentage n'a jamais été aussi élevé. Les retailers souhaitent attirer les consommateurs dans leurs magasins avec des promotions attrayantes. Après deux très bonnes années dues à la pandémie, les ventes dans les supermarchés chutent. On retourne plus souvent au restaurant, on reprend le travail en présentiel… ce qui signifie que nos dépenses dans les supermarchés diminuent, mais restent tout de même plus élevées qu'en 2019. L'inflation joue également un rôle : les prix en rayon augmentent et les enseignes tentent de baisser ce prix grâce aux promotions. C’est un peu étrange que cela se produise à un moment où les prix des matières premières et de l'énergie ont à ce point augmenté, mais maintenant que le pouvoir d'achat est sous pression, les supermarchés veulent continuer à attirer les clients. »

Les fabricants renoncent

Les promotions ne sont pas de bonne augure pour les fabricants, qui en font les frais. « Ils sont aussi contraints de compenser la marge que le retailer perd avec ses promotions. Les enseignes n'ont rien à payer, mais la situation risque de devenir intenable pour les marques, qui ont déjà des coûts beaucoup plus élevés (production, emballage, personnel...). Je ne pense pas que cette forte pression promotionnelle s'atténuera tout de suite. Tant que l'inflation restera élevée, il y aura aussi de nombreuses promotions », ajoute Silvie Vanhout. 

Hausse constante

La part des promotions a augmenté régulièrement au cours des 10 à 15 dernières années, avec une baisse durant la période Covid. « En 2009, la part des promotions dans le chiffre d'affaires total est passée de 15,8% à 17,4% selon les chiffres de NielsenIQ. Au cours des années précédentes, la part des promotions était d'environ 18%. En 2020, elle est tombée à 16,4% en raison des confinements. Les promotions étaient donc moins nécessaires En 2021, cette part est remontée à 18,9%, pour atteindre désormais les 19,2%. » Les Belges sont connus pour être de fervents chasseurs de promotion : ils sont plus impliqués que d'autres consommateurs européens. Dans notre pays, Albert Heijn propose d’ailleurs parfois des promotions très importantes, exerçant ainsi une pression considérable sur Colruyt, leader du marché. Dans les circonstances actuelles, les consommateurs accordent plus d'attention au prix, que ce soit par le biais de promotions ou en achetant davantage de marques propres ou des produits bon marché.