Les marges dans la grande distribution se stabilisent, après avoir fortement diminué en 2021 et 2022. Dans l’industrie agroalimentaire, elles repartent à la hausse, selon une analyse des prix et des marges dans ces secteurs par l'Observatoire des prix du SPF Économie.

L'Observatoire des prix note que les prix à la consommation ont augmenté d'un quart entre début 2022 et juillet 2023 - c'est-à-dire en un an et demi - en raison de la flambée des coûts sous-jacents. À partir du second semestre de l'année dernière, les prix de la grande distribution se sont stabilisés, tandis que les prix des matières premières agricoles ont fortement baissé. " La baisse des prix des matières premières agricoles pendant plus d'un an (-50% entre mai 2022 et octobre 2023) ne provoque donc pas encore de baisse de prix tangible en aval de la chaîne alimentaire, mais seulement une stabilisation des prix. Certains coûts de production, comme les salaires, ne baissent pas, ce qui peut expliquer en partie cette stabilisation ", indique l'Observatoire des prix dans son analyse présentée à la Task Force agroalimentaire. Il semble que ceci exerce un impact différent sur l'industrie des aliments et des boissons et sur la grande distribution.

L'industrie alimentaire respire

L'industrie alimentaire et des boissons connaît un renouveau, après une période difficile. Avec la hausse des prix des matières premières et de l'énergie, elle a vu sa rentabilité chuter d'environ un cinquième entre 2021 et 2022, pour atteindre son niveau le plus bas depuis cinq ans. En outre, le nombre d'entreprises agroalimentaires déficitaires est passé à 23,7 % en 2022, contre 15,8 % un an plus tôt. Sans disposer des bilans officiels, l'Observatoire des prix estime que le vent tourne depuis l'année dernière et que les marges de l'industrie alimentaire augmenteront dans neuf secteurs en 2023, notamment là où elles étaient auparavant en forte baisse. "L'évolution des indices de prix au cours des 10 premiers mois de 2023 suggère que les marges de l'industrie alimentaire seront plus élevées au cours de cette même année."

Le commerce de détail alimentaire se stabilise

Pour le commerce de détail alimentaire, cette augmentation de la rentabilité ne se produira pas encore pour le moment. Le secteur a également souffert : la marge nette est passée de 1,93% en 2021 à 1,16% en 2022. Le nombre d'entreprises déficitaires est passé de 18,9 % l'année précédente à 28,5 %. Bien que l'Observatoire des prix indique qu'il est plus difficile de faire une estimation pour les commerçants pour 2023, on constate surtout un statu quo. "L'analyse montre que les entreprises du food retail ont pu répercuter l'augmentation des prix d'achat sur leurs prix de vente, mais pas la totalité de l'augmentation des autres coûts de production, tels que les salaires, les services et les biens divers." Pour les agriculteurs, troisième maillon important de la chaîne alimentaire, la rentabilité s'est surtout améliorée après deux très mauvaises années. La baisse des coûts de production et la "persistance de prix élevés pour certains produits agricoles" s'améliorent. "Ce tableau d'ensemble masque néanmoins d'importantes variations annuelles et des différences entre les spécialisations agricoles et, partant, entre les régions.