La semaine dernière, le gouvernement bruxellois a adopté en deuxième lecture un projet d’ordonnance cadrant la gestion des invendus dans les supermarchés afin de lutter contre le gaspillage alimentaire. Une centaine de grandes surfaces de la capitale sont concernées.

Comme l’explique le ministre bruxellois de l’Environnement et de l’Action sociale, Alain Maron (Ecolo), dans un communiqué publié jeudi sur son site, le gouvernement bruxellois a adopté en deuxième lecture, le 5 mars dernier, un projet d’ordonnance cadrant la gestion des invendus alimentaires afin de lutter contre le gaspillage, « tout en renforçant la solidarité vers les plus démunis ». Lorsqu’elle entrera en vigueur, après avis du Conseil d’Etat et vote au Parlement, l’ordonnance imposera aux supermarchés bruxellois de plus de 1.000 m² de proposer leurs invendus alimentaires encore consommables (un jour avant leur date de péremption) en premier lieu aux associations caritatives, puis à des entreprises de transformation « pour favoriser une économie circulaire » et enfin à des entreprises privées de revente. Au total, ce sont une centaine de grandes surfaces qui sont concernées par la future réglementation.

« Un cadre clair »

« Quand on sait que plus de 90.000 personnes ont recours à l’aide alimentaire à Bruxelles, il est inadmissible que des tonnes d’aliments consommables soient encore jetés », a commenté Alain Maron. « Même si certains supermarchés faisaient déjà don de leurs invendus à des associations, définir un cadre clair est une étape importante pour avancer encore plus sur la voie de la transition écologique et solidaire. » Selon les chiffres du WWF cités par le ministre bruxellois, environ 40% des denrées alimentaires produites dans le monde ne sont jamais consommées, des pertes qui se produisent essentiellement au début du circuit, soit directement à la production, soit lors de la distribution.

« Les supermarchés font déjà tout ce qu'ils peuvent pour minimiser les pertes alimentaires »

Dans une réaction envoyée à Gondola, la fédération du commerce et des services Comeos a (re)dit tout le mal qu’elle pensait de cette future législation.  « Avec cette mesure inutile et non désirée, Bruxelles irait plus loin que la Wallonie et la Flandre, tout en touchant le mauvais groupe cible », estime le responsable communication de l’organisation, Hans Cardyn. « Comeos a déjà souligné au cabinet du ministre Maron la nécessité d'un soutien logistique pour les organisations caritatives, qui travaillent souvent avec des bénévoles et ne parviennent pas toujours à organiser la redistribution, tout comme l'importance du rôle du gouvernement dans la sensibilisation des consommateurs, où se produit la plus grande perte alimentaire. Une obligation de don pour les supermarchés manque donc sa cible et risque de devenir une mesure de rien du tout. En outre, elle rendra les ventes rapides pratiquement impossibles et entraînera une perte de chiffre d'affaires pour les supermarchés. Comeos continue donc à faire activement pression contre la proposition. »

Hans Cardyn en profite également pour ajouter que les supermarchés font déjà tout ce qu'ils peuvent pour minimiser les pertes alimentaires. « Seulement 1,5% de tous les aliments présents dans les rayons de nos supermarchés ne sont pas vendus, contre 2% il y a deux ans. Et ce qui n'est finalement pas vendu est donné autant que possible par le secteur. » Selon le responsable communication, un total de 33 millions de repas ont ainsi été donnés à des banques alimentaires, des épiceries sociales, des restaurants sociaux et d'autres organisations de lutte contre la pauvreté rien qu’en 2022, ce qui représente une augmentation de 32% par rapport à 2020. « Même ce qui n'est finalement ni vendu ni donné ne finit pas dans la poubelle puisque jusqu'à 95% des aliments invendus sont recyclés, servant par exemple de nourriture pour animaux ou utilisés en biofermentation », conclut-il.