Aux Pays-Bas, les clients des magasins Jumbo et Plus ne peuvent désormais plus acheter qu'une seule bouteille d'huile de tournesol par personne. Pareilles mesures de rationnement sont-elles également mises en place par les supermarchés belges ? Le point.

En raison du conflit russo-ukrainien, une grave pénurie d'huile de tournesol se profile à l’horizon. Les rayons vides tendent à se multiplier dans les supermarchés tandis que les producteurs industriels (aliments frits, boulangerie, sauces…) tirent la sonnette d’alarme. Plus tôt dans la semaine, Aldi Süd en Allemagne avait déjà annoncé qu’il limitait les achats de sa propre marque d'huile de tournesol à maximum quatre bouteilles par client, et ce dans le but d’éviter un effet de stockage. Aux Pays-Bas, Jumbo et Plus ont décidé de serrer encore un peu plus la vis en limitant les achats à une seule bouteille ou emballage par personne. Des mesures identiques sont-elles prévues dans notre pays ? Nous avons fait le point avec les enseignes.

Colruyt : « Maximum deux emballages d’huile et de farine »

« En tant que distributeur alimentaire, nous avons un rôle social important à remplir : celui de fournir la population en nourriture. Nous voulons prendre notre responsabilité avec tout le sang-froid nécessaire afin de servir correctement le plus grand nombre de nos clients », explique Nathalie Roisin, responsable presse de Colruyt. « L’expérience encore récente du premier confinement nous incite à prendre des décisions à propos de certaines catégories de produits actuellement sous pression. Concrètement, cela signifie que depuis ce vendredi, il est effectivement demandé aux clients des magasins Colruyt de n’emporter qu’un maximum de deux emballages d’huile et de farine par visite. De cette façon, il y aura assez de produits en rayon pour tout le monde, et notre personnel continuera bien sûr à réapprovisionner le stock. » La chaîne de supermarchés insiste sur le fait qu’il s’agit là d’une mesure préventive : « Le flux entrant de marchandises correspond en tout point à une consommation dite ‘normale’. Nous voulons éviter de créer un vent de panique », conclut Nathalie Roisin.

R.A.S chez Delhaize et Carrefour

« À l’heure actuelle, nous n’avons pas constaté d’impact particulier sur les ventes d’huile de tournesol, ni de ruptures de stock ou de problèmes d’approvisionnement », assure de son côté la porte-parole francophone de Delhaize, Karima Ghozzi. « Par conséquent, d’éventuelles mesures de limitation ne sont pas au programme. Mais bien sûr, nous suivons de très près la situation au jour le jour. »

« Aucune mesure de rationnement des achats n’est envisagée en ce moment », affirme pour sa part Siryn Stambouli. Même si la porte-parole de Carrefour Belgique concède que des répercussions sur des catégories spécifiques dont l’approvisionnement provient d’Ukraine, et notamment l’huile de tournesol, ont été observées. « Carrefour tente de garantir la disponibilité de ces produits en trouvant des alternatives équivalentes et de limiter l’impact sur les prix afin de les répercuter le moins possible en magasin. »

Aldi réfléchit à des alternatives

Pas de mesure de rationnement non plus chez Aldi, du moins « pour l’instant », explique Jason Sevestre, manager communication externe chez Aldi Belgique. « Toutefois, il se peut que des produits comme l’huile de tournesol, mais aussi des pâtes, du riz ou de la farine rencontrent des problèmes de stock locaux et temporaires. Il ne s’agit pas de problèmes d’approvisionnement au niveau de notre centrale, mais plutôt de difficultés de réassortiment des rayons, suite à une explosion de la demande à certains endroits. » Concernant l’huile de tournesol spécifiquement, le retailer allemand a fait savoir qu’il était en train de « réfléchir à des alternatives », et notamment d’autres types d’huiles.

Lidl opte pour la sensibilisation

Enfin, Lidl a pour sa part fait le choix de sensibiliser ses clients plutôt que de limiter formellement les achats. « Nous demandons aux clients, via des affiches en magasin, de ne pas exagérer le nombre de pièces achetées pour l'huile de tournesol, certaines conserves ou le papier toilette par exemple », détaille Julien Wathieu, porte-parole francophone de Lidl Belgique. « Nous ne le faisons pas parce qu'il y a déjà une pénurie, mais pour anticiper et éviter des problèmes de stock. » Le distributeur allemand explique avoir en effet constaté ces dernières semaines des ventes en hausse pour les articles concernés. « Certainement à cause des informations dans les médias et sur les réseaux sociaux selon lesquelles la guerre en Ukraine pourrait affecter leur approvisionnement », pointe le responsable presse, qui conclut par un appel aux clients de l’enseigne : « Nous leur demandons de faire preuve de solidarité et de s'en tenir à l'achat de quantités normales. »