Chaque jour, en Belgique, plus de 150.000 colis commandés en ligne sont livrés à domicile. En conséquence, les prestations des différents services de livraison ont fortement augmenté au cours des dernières années. Cela ne se traduit pas seulement par un coût pour le consommateur (ce service est souvent proposé gratuitement), mais aussi par un coût social. Deux doctorants évaluent celui-ci à 45.000 euros par jour.

Le géographe économique Joris Beckers de l’Université d’Anvers s’est associé à Ivan Cardenas dans le cadre de son doctorat sur l’effet qu’a l’e-commerce sur nos villes. S’exprimant dans De Standaard, ceux-ci estiment à 3,74 euros par arrêt le coût moyen de livraison d’un colis commandé sur internet. Dans des centres-villes comme Anvers ou Bruxelles, ce coût passe à 1 ou 1,5 euro en raison de la densité de livraison plus élevée.

« Mais ce coût est calculé sans les coûts sociaux » explique Joris. Il faudrait donc prendre également en compte ce qu’il appelle les coûts externes. C’est à dire les coût supportés par la société: pensez par exemple ici aux transports utilisés en matière d’e-commerce qui engorgent nos routes, peuvent mener à des accidents de la circulation, augmentent la pollution de l’air et la pollution sonore, etc. Ces coûts externes ont été évalués par les deux chercheurs à 26 cents par colis dans des zones densément peuplées. Dans une région peu habitée comme les Ardennes, ce coût se chiffre aisément à plus d’un euro par colis…

Les coûts sociaux sont donc plus élevés dans les régions moins peuplées. Toutefois, puisque la majorité des colis sont livrés dans des villes, celles-ci représentent tout de même la moitié des coûts sociaux totaux. En moyenne, on en arrive donc à un coût social de 30 cents par colis. Et puisqu’on évalue à 150.000 le nombre de colis livrés chaque jour dans notre pays, cela signifierait donc que le coût total lié à l’activité e-commerce est de 45.000 euros par jour en Belgique.

 

Livraisons manquées

Les deux chercheurs soutiennent également que ces coûts sont renforcés par la faute de  livraisons manquées. Certains services permettent un retour de 2 à 3 fois du livreur en raison de l’absence du consommateur. Selon leurs données (sur une période limitée d’un seul acteur du marché), 8% des colis ne peuvent être livrés pour cette raison. A certains endroits, ce taux grimpe à plus d’un quart.

Pour Ann Verhetsel, professeur promotrice de Joris Beckers, une régulation est nécessaire et le gouvernement doit en prendre la juste mesure. Selon elle, ceci est possible en limitant les délais de livraison autorisés ou en offrant une infrastructure pour un point de retrait ou de livraison commun à tous les services de colis, pensons notamment aux casiers présents dans certaines gares ou metro.

 

Points de retrait

Avec ce doctorat, Joris Beckers confirme les conclusion d’une étude de VIL (Vlaams Instituut voor de Logistiek) datant de l’an dernier, avec le projet e-Green: l’empreinte écologique des colis livrés à domicile est élevée. Mais bien que les simulations de coûts et d’émission de CO2 révèlent des coûts sociaux plus élevés lorsque l’on choisi la livraison à domicile, l’e-shopper la préfère aujourd’hui encore au retrait en point d’enlèvement…

A l’époque pourtant, VIL et 13 entreprises ont cherché comment réduire cette empreinte et en était arrivé à la conclusion suivante: un déploiement plus important de points de collecte est un moyen efficace de réduire considérablement le coût du lastmile et la charge de CO2. Selon eux, si 75% des livraisons s’effectuaient via des points de retrait, l’impact sur le coût et sur l’environnement de ce last mile diminuerait de 60 à 80%.