Un groupe d'actionnaires de Nestlé veut obliger le géant de l'alimentation à commercialiser des produits plus sains. Ils estiment que l'entreprise ne fait pas assez d'efforts pour réduire sa dépendance à l'égard des aliments transformés à base de sucre et de graisses saturées.

Un groupe d'investisseurs, qui gèrent ensemble 1,68 milliard d'euros d'actifs, fait pression sur Nestlé lors d'une réunion d'actionnaires organisée aujourd'hui sous l'égide de l'ONG ShareAction, basée à Bristol. Ils demandent à la multinationale de rendre ses produits plus sains. Nestlé fait trop peu d'efforts dans ce domaine, selon ces investisseurs, parmi lesquels figurent Candriam et La Française Asset Management. Par conséquent, jugent ces actionnaires, ses revenus dépendent trop des aliments transformés à base de sucre et de graisses saturées. "En tant que plus grande entreprise alimentaire au monde, Nestlé a un impact considérable sur les habitudes alimentaires et la vie de milliards de personnes, grâce aux produits qu'elle fabrique et vend", a déclaré Catherine Howarth de ShareAction. "Alors que l'entreprise affirme que ses produits ont le pouvoir d'améliorer les conditions de vie, les trois quarts des ventes mondiales de Nestlé consistent en des produits  peu sains contenant des doses élevées de sel, de sucre et de matières grasses.”

Le groupe alimentaire suisse est notamment connu pour ses marques de confiserie et de chocolat KitKat et Smarties, ses céréales pour petit-déjeuner et sa marque de pâtes Buitoni, entre autres. Au cours des derniers mois, la société a tenté de convaincre ses investisseurs qu'elle s'engageait dans la voie d'une alimentation plus saine, mais elle n'y est semble-t-il pas pleinement arvenue. Nestlé souhaitait réaliser deux fois plus de revenus qu'en 2022 à partir d'aliments sains à l’horizon 2030, mais ces investisseurs estiment que cela ne représente pas un objectif plus ambitieux que la croissance prévue. Les revenus provenant des aliments défavorables à la santé augmenteraient au même rythme. Les investisseurs citent les rapports de l'Organisation mondiale de la santé, selon lesquels les aliments malsains sont un facteur déterminant dans l'augmentation des cas d'obésité, de diabète, de problèmes cardiaques et de certains cancers. On estime que l'obésité coûtera au monde 4,32 milliards d'euros d'ici à 2035. Aujourd'hui même, l'ONG suisse PublicEye a publié un rapport montrant que Nestlé ajoute du sucre au lait pour bébé qu'elle vend dans des pays d'Asie, d'Afrique et d'Amérique latine, ce qui va à l'encontre des mesures prises ailleurs pour lutter contre l'obésité et les maladies chroniques.