Trois magasins bruxellois de Delhaize ( Flagey, Westland et Veeweyde ) n’ont pas ouvert leurs portes ce matin, bientôt suivis par celui de Jambes (Namur). La raison : une grogne des militants syndicaux locaux par rapport aux propositions soumises par l’enseigne en matière d’aménagements horaires et gratifications. Il est pourtant encore trop tôt pour envisager ce matin une extension du mouvement à tout le réseau.

Trois magasins bruxellois de Delhaize ( Flagey, Westland et Veeweyde ) sont restés portes closes ce mercredi matin. Celui de Jambes (Namur) a aussi débrayé. Une décision des représentants syndicaux locaux. On se rappelle que des pourparlers avaient été menés la semaine dernière à l’échelle sectorielle, entre Comeos et les syndicats. Ceux-ci n’avaient pas été convaincus par les propositions communes mises sur la table par la Fédération du commerce, et avaient alors adressé des contre-propositions, attendant une réponse sur celles-ci pour vendredi. Constatant l’absence d’accord à l’échelon sectoriel, les syndicats ont alors lancé un mandat de négociation avec chacune des enseignes concernées, nous confirme Delphine Latawiec, Secrétaire nationale du secteur commerce à la CNE : “ Les deux grands volets de discussion concernent d’une part l’allégement des horaires d’ouverture et, dans un deuxième temps, la concrétisation d’un forme de gratification plus convaincante que celle accordée jusqu’ici. “

Concernant Delhaize, les représentants syndicaux notent que le seul aménagement apporté à ce jour est la fermeture des magasins à 20 heures le vendredi, au lieu de 21 heures. “ Le personnel attend une fermeture une heure plus tôt tout au long de la semaine, à niveau de salaire constant ” poursuit Delphine Latawiec. “ L’impact commercial est très faible, les magasins étant très peu fréquentés à cette heure. C’est aussi une mesure utile pour permettre d’effectuer le réassort des rayons pour le lendemain dans de bonnes conditions. Les réductions de trafic des transports en commun compliquent aussi la vie du personnel terminant son travail tardivement, et qui mérite de profiter à domicile d’un repos bien mérité. ”

Sur les gratification, la CNE constate que ce qui est aujourd’hui proposé par Delhaize est une combinaison de réductions sur achats et d’augmentation de titres-repas.  Le personnel préférerait autre chose, une forme de rémunération qui lui accorde un pouvoir d’achat plus direct, et pas nécessairement canalisé vers des achats alimentaires. “ Bien entendu, la prime Macron défiscalisée de 1.000 euros, accordée en France par de nombreuses enseignes, a frappé leur imagination. Non pas qu’ils attendent nécessairement une mesure identique, ou un montant du même ordre, mais la différence est malgré tout très visible. Il ne faut pas non plus oublier que bien des magasins emploient des travailleurs à temps partiel, et que pour ceux-ci, la gratification proposée par Delhaize se réduirait à peau de chagrin.”

Grogne locale ou nationale. Chez Delhaize ou chez Carrefour aussi ?

Pourquoi les trois magasins bruxellois ont-ils débrayé ce matin ? Delphine Latawiec fournit la chronologie: “ Les propositions formulées par Delhaize sont tombées hier. Nous les avons transmises aux militants locaux, et leur accueil est plutôt froid. Dans certains magasins, ce mécontentement a pu se manifester sous cette forme.” Il n’y a pourtant pas à ce stade de mot d’ordre syndical. Et le dialogue n’est pas rompu avec Delhaize. Il faudra probablement attendre la fin de la journée pour savoir si d’autres actions, plus concertées, sont envisageables.

Signalons enfin que les tensions ne se manifestent pas uniquement chez Delhaize. Elles apparaîtraient aussi chez Carrefour. Ce dernier a bien accordé un mécanisme de récupération d’un jour de congé par semaine prestée en période coronavirus. Mais les militants syndicaux accueilleraient tout aussi froidement que chez Delhaize les propositions de gratification. “ Ce qui nous frappe, c’est qu’alors que le secteur de la distribution ne parvient pas à adopter une position commune quand il s’agit de discuter avec nous via Comeos, les enseignes soumettent pourtant exactement les mêmes propositions d’avantages en titres-repas, autour des mêmes montants.”

Il est donc trop tôt pour parler de conflit ouvert entre syndicats et distributeurs. Un protocole d'accord semblait même en passe d'être signé entre les partenaires sociaux, comme chez Colruyt et Aldi. Mais la tension monte à la base, débouchant sur des initiatives locales.