En raison de désaccords sur les prix, une série de produits Danone sont actuellement absents des rayons de Delhaize et Lidl.

Lidl et Delhaize sont actuellement en conflit avec Danone en raison de désaccords sur les prix. Les deux retailers n’acceptent pas la hausse imposée par la marque, ce qui conduit à une offre moins importante en rayon puisqu’en effet, une cinquantaine de références Danone manquent à l’appel. Selon Delhaize, les exigences de Danone seraient irréalistes et disproportionnées, et Lidl décrit également les discussions comme difficiles. 

Danone de son côté, fait valoir ses arguments, liés à un contexte économique sous pression, comme l’explique Nathalie Guillaume, General Secretary et Corporate Affairs & Sustainability Director de Danone BeLux : « Comme de nombreuses entreprises actives dans le secteur de l’alimentation, dont Delhaize et Lidl, Danone est confronté à des conditions de marché sans précédent. Dans ce contexte, nous travaillons intensément, en interne et en externe, avec nos fournisseurs et nos détaillants pour optimiser les coûts et minimiser l'impact sur les prix à la consommation. D’ailleurs, nous ne souhaitons répercuter qu’une partie de l’inflation. Et ce sont bien les détaillants qui déterminent le prix final pour le consommateur. Comme les discussions sur notre augmentation de prix avec Delhaize et Lidl sont toujours en cours, nous ne sommes malheureusement pas en mesure de poursuivre nos opérations comme d'habitude, ce qui entraîne une situation de rupture de stock pour les produits laitiers. Nous sommes dans un dialogue constructif et travaillons en étroite collaboration avec Delhaize et Lidl pour reprendre les livraisons dès que possible. En attendant, les consommateurs peuvent trouver les produits Danone dans d'autres magasins tels que Colruyt, Carrefour, Louis Delhaize, Cora, Spar. »

Danone souligne également que si certaines ruptures sont apparues chez Carrefour, elles ne sont pas du tout liées à un conflit tarifaire, mais à un problème d’ordre logistique ne concernant que quelques références.

Une rentrée sous tension

Ces tensions forment-elles un cas isolé ou sont-elles l’indice de nombreux désaccords à venir entre distributeurs et fournisseurs ? Chez FEVIA, Nicholas Courant n’est bien entendu pas habilité à s’exprimer sur le cas précis de Danone, Delhaize et Lidl. Mais il confirme bien que le tour d’horizon effectué durant l’été parmi les membres de FEVIA a montré combien ceux-ci peinent à répercuter les surcoûts importants qui pèsent sur leur activité et rognent leurs marges. « Nous leur avons demandé s’ils avaient pu appliquer des tarifs tenant compte de cette situation. Pour 50% d’entre eux, ce n’est pas le cas. Et pour les 50% ayant pu obtenir un peu de souplesse, les hausses obtenues ne représentent que la moitié du montant des surcoûts qui pèsent sur eux. » Certains fournisseurs s’étonnent aussi qu’on leur demande d’absorber et amortir autant que possible le choc inflatoire en sacrifiant leurs marges, avant de constater ensuite que le distributeur a pour sa part augmenté la sienne sur leurs produits. Tout est donc comme on s’y attendait réuni pour assister à une rentrée sous tension. Avec toutefois des échos de plus en plus insistants et radicaux de la part de certains fournisseurs : si l’explosion des coûts de l’énergie et des matières premières se confirme, et qu’il ne leur est pas possible de la répercuter, ils pourraient tout simplement cesser temporairement leurs activités, puisque chaque palette fournie leur ferait perdre de l’argent…

« Cette année, les négociations ne se sont pas exactement arrêtées. Certaines entreprises négociaient encore une deuxième et une troisième augmentation des prix en mars/avril. Pour d'autres, les négociations ont commencé plus tôt. Une situation due à la hausse des coûts des matières premières, des emballages, de l'énergie, de la logistique ou encore des salaires », déclare Silvie Vanhout, managing partner chez Gondola Academy. « Les négociations seront tendues, c’est également ce qui ressort des nombreuses questions qui nous ont été posées en vue du Sales & Nego Summit du 15 septembre prochain. Comme les autres années, certains produits ne seront temporairement pas disponibles en rayons, comme c’est actuellement le cas de Danone chez Delhaize et Lidl. L'année dernière, c'était le cas de Ferrero et Mondelez chez Colruyt », conclut-elle.

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