C’est sous ce slogan que Fairtade lance sa nouvelle campagne à l’occasion de la semaine du commerce équitable, qui se déroule du 3 au 13 octobre. Car aujourd’hui, en Côte d’Ivoire et au Ghana, la majorité des familles de producteurs de cacao vivent avec moins de 67 cents par jour et par personne.

Coup de projecteurs sur le secteur du cacao

Malgré tous les efforts consentis par l’industrie et les autres acteurs du secteur pour rendre le cacao plus durable, les avancées en termes de productivité ont été plus qu’annulées par les chutes des prix, limitant le revenu des planteurs.

Tandis que produire du cacao coûte de plus en plus, les prix du marché ne cessent de baisser. « C’est ainsi que la majorité des producteurs de cacao continuent à vivre dans une extrême pauvreté, un contexte qui favorise le développement des problèmes endémiques : le travail des enfants et la déforestation ne diminuent pas » souligne Fairtrade.

67 cents

L’urgence est particulièrement haute en Côte d’Ivoire et au Ghana, deux pays qui produisent ensemble plus de 60% du cacao disponible sur le marché mondial. Même si leur cacao est convoité, paradoxalement, la majorité des familles de producteurs y vivent avec moins de 67 centimes d'euro par jour et par personne. Notons d’ailleurs que 0,67 euros par jour, cela correspond à la limite de l’extrême pauvreté définie par la Banque Mondiale pour la Côte d’Ivoire. Fairtrade rappelle en outre que plus de 2 millions d’enfants ont été recensés sur les plantations de cacao et que la déforestation se poursuit en Afrique de l’Ouest. En 25 ans, la Côte d’Ivoire a perdu plus de 80% de sa couverture forestière, dont 30% lié à la production de cacao. La même tendance s’applique au Ghana.

Avec cette campagne, Fairtade entend faire réagir le consommateur. Car s’il ne faut, chez nous par exemple, à un coiffeur belge que 4 minutes pour gagner 67 cents, il faut bien toute une journée de labeur pour un producteur de cacao en Afrique de l’ouest. Pour Fairtade, il s’agit là de réaliser un appel clair: chacun peut agir à son niveau pour aider les producteurs à sortir du piège de la pauvreté.

Appel à un meilleur prix

Le vice-Premier ministre et ministre de la Coopération au Développement Alexander De Croo a initié une table ronde pour un cacao durable en Belgique en juin dernier. Celle-ci constitue une belle opportunité pour le secteur, à condition que les tabous sur le prix soient brisés. Car dans un secteur durable, les producteurs au bout de la chaîne gagnent un revenu vital.

La question est de savoir si nous sommes prêts à en payer le prix… Le défi est titanesque. « Nos études montrent qu’il faut une approche globale pour aider les producteurs à améliorer leur revenu, il faut les aider à améliorer leur productivité, à maîtriser leurs coûts et parfois à diversifier leur production au-delà du cacao » explique Nicolas Lambert, directeur de Fairtrade Belgium. « Mais elles montrent aussi que vouloir atteindre un revenu décent sans payer de meilleurs prix est tout à fait illusoire. Il faut oser mettre le sujet du prix sur la table et nous regrettons qu’il soit un tabou pour nombre d’acteurs de la filière. Il faut également une mobilisation globale, non seulement des acteurs du commerce équitable mais de toute l’industrie et des gouvernements, tant dans les marchés consommateurs que les pays producteurs ».

Le consommateur belge toujours plus mobilisé

Une croissance générale en termes de volume est à noter pour la quasi-totalité des acteurs de l’industrie engagés dans le Fairtrade. Pourtant, le challenge reste énorme : aujourd’hui, les produits à base de cacao Fairtrade ne représentent que 1% de part de marché en Belgique.

« Pour que le commerce équitable puisse apporter une différence significative dans la qualité de vie des producteurs, il faudrait enclencher la vitesse supérieure, et fortement stimuler la demande, notamment en sensibilisant un public plus large. C’est important, car aujourd’hui les producteurs Fairtrade ne vendent qu’une mineure partie de leur production aux conditions Fairtrade. Le reste doit donc être vendu aux conditions conventionnelles, sans garantie du prix minimum et sans prime additionnelle. Une mobilisation bien plus forte des consommateurs, des marques et des distributeurs est donc absolument nécessaire » affirme Fairtrade.

Une action à chaque niveau

Pour Fairtade, il est essentiel que chacun - sociétés, consommateurs, pouvoirs publics - agisse à son niveau:

  • Fairtrade s’en engagé à réviser le prix minimum du cacao certifié Fairtrade et à mettre de nouvelles stratégies en place pour créer une avancée significative sur le chemin vers un revenu vital.
  • Les entreprises ont la responsabilité d’élaborer une stratégie garantissant le respect des droits de l'Homme et de l’environnement tout au long de leurs chaînes d'approvisionnement.
  • Les pouvoir publics peuvent inclure et spécifier le commerce équitable comme l’un critères de développement durable dans les appels d’offre publics et faciliter l’accès aux marchés des producteurs certifiés Fairtrade.
  • Les consommateurs peuvent d’une part faire le choix du commerce équitable et d’autre part exiger que les marques aillent au bout de leur engagement en incluant la question du prix dans leurs actions de développement durable.

Photo: © Fairtrade Belgium / Marie-Amélie Ormières