Benoît Barbier, ancien directeur du réseau Proxy Delhaize pour le sud du pays, a ouvert mercredi matin le premier magasin intégré Delhaize passant en franchise en Wallonie. "La franchise de nos propres magasins peut renforcer l'ADN de Delhaize", nous a-t-il déclaré.

Il était certes un peu nerveux avant l'ouverture, mais tout s'est bien passé, se réjouit-il. Peu ou pas d'erreurs le premier jour - c'est toujours un soulagement. Surtout pour quelqu'un qui, après 21 ans en temps que salarié chez Delhaize, dirige aujourd'hui en tant qu'entrepreneur indépendant un magasin de 2 100 mètres carrés à Bouffioulx, dans l'arrondissement de Châtelet, près de Charleroi. "Je connais bien le magasin, le personnel et la région. J'habite non loin de là. C'est une des raisons pour lesquelles j'ai choisi ce magasin. Ce qui m'a également attiré, c'est le fait que la commune de Châtelet a l'intention de développer davantage la zone où se trouve le magasin, en particulier le site adjacent de l'ancienne usine De Cock."

Vous avez travaillé chez Delhaize pendant plus de 20 ans. Est-il évident pour vous de devenir entrepreneur ?

Ce n'était pas si difficile. Je sais ce que c'est que d'être entrepreneur. Mes parents avaient une entreprise de torréfaction de café. Je connais les risques et je sais qu'il faut travailler dur. Cela faisait un certain temps que j'avais envie d'ouvrir un magasin. J'ai une bonne équipe pour y parvenir. Rien ne changera pour le personnel. Toute l'équipe a été reprise, aux mêmes conditions qu'auparavant. Il y a une personne qui a choisi de travailler ailleurs, mais c'est tout.

On a reproché à Delhaize d'imposer des contrats trop stricts aux indépendants.

Je connais ces critiques, mais Delhaize a toujours été clair sur ce qui était proposé. À aucun moment, ceci ne m'a empêché de reprendre le magasin. Je pense qu'il en va de même pour les autres. 

Qu'est-ce qui va changer dans ce magasin ?

Le premier objectif est d'assurer la continuité commerciale. Nos clients savent ce qu'ils peuvent attendre de nous, et nous voulons poursuivre dans cette voie. Nous conserverons toutes les technologies existantes, comme le scan rapide ou le self-scan, ainsi que nos ateliers de boucherie, de poissonnerie et de boulangerie dans le magasin. En même temps, nous voulons offrir plus de services. À partir de décembre, le magasin sera également ouvert le dimanche. C'est une attente de beaucoup de gens. Parallèlement, nous proposerons davantage de produits régionaux. Début 2025, il y aura un autre grand changement : un tout nouveau magasin de la même superficie sera construit sur le site actuel. Nous pourrons ainsi encore mieux servir nos clients.

Le passage en franchise des magasins Delhaize a fait l'objet de nombreuses débats. Comment voyez-vous les choses ?

Je comprends les émotions du personnel. Le changement est source d'incertitude. Mais je pense que la coopération a été parfaite jusqu'à présent. J'ai également remarqué qu'il n'y avait pas ou peu d'animosité de la part des syndicats. Ils n'ont pas fait d'obstruction. Est-il judicieux de franchiser les magasins Delhaize ? Cela dépend de la position que l'on adopte, mais je pense que l'esprit d'entreprise peut apporter un vent nouveau. J'ai l'avantage de très bien connaître Delhaize. Je sais que c'est une marque forte, qui jouit d'une excellente image auprès de nombreux consommateurs belges. La franchise ne fera pas disparaître l'ADN de Delhaize. Au contraire, elle le renforcera encore davantage.