Il y a de cela un peu moins d’un an, la société foodservice Sligro-ISPC s’installait à Anvers. Avec beaucoup de vent contraire venu tout droit de la concurrence, mais aussi beaucoup d’ambition! C’est ce qu’affirme son directeur Rudi Petit-Jean, qui participera au débat de la session The Future of Food de Gondola Society le 26 septembre.

Commençons par parler de votre arrivée ici à Anvers : tout ne s'est pas bien passé…

(rires) On peut dire ça. Je ne m’attendais pas à une opposition si féroce. Je viens d'un secteur totalement différent (Rudi Petit-Jean travaillait pour Gamma, Ndlr.), dans lequel ce genre de chose n’est pas courante. Il y a de la place pour de nombreux acteurs, à condition qu'ils aient suffisamment de compétences distinctives. Regardez les magasins de proximité : ils sont à nouveau populaires, précisément parce qu'ils offrent une valeur ajoutée. Au lieu de laisser le secteur se professionnaliser, ils essaient de le ralentir. Et c’est bien dommage! Tandis que nous nous consacrons à hisser le niveau à une échelle supérieure.

Quelles grandes tendances alimentaires voyez-vous percer à l’avenir?

À l'avenir, nous serons beaucoup plus nombreux. À un moment donné, la nourriture manquera, surtout la nourriture telle que nous la connaissons aujourd'hui. La question est de savoir comment résoudre ce problème. Allons-nous tous nous nourrir de légumes et de quinoa ? Je ne crois pas, non. Les légumes auront une place importante, mais nous devons examiner la façon dont nous les cultivons. 

Nous devons devenir plus efficaces. Je pense à des hangars fermés, multicouches, où l'éclairage LED prend le relais de la lumière du soleil. Si vous pouvez créer un circuit fermé pour l'eau et la terre, votre efficacité montera en flèche. Nous devons trouver quoi faire pour avoir un monde vivable, sinon cela résultera en une guerre. Nous nous le devons si nous voulons avoir un avenir sur cette planète. A part cela, les insectes sont une nouvelle tendance à plus petite échelle. C'est encore un peu difficile, mais si vous pouvez en faire usage dans les produits transformés, je pense que cela peut être une innovation importante. C'est aussi une question d'habitude. 

Il y a aujourd’hui beaucoup à faire en matière de channel blurring. Qu’en pensez-vous?

Il y a toujours eu en Belgique une forme de channel blurring. Colruyt a été pionnier dans ce domaine. D’autres lui ont emboîté le pas. Makro par exemple, mais cela va maintenant dans une toute autre direction. Vous pouvez aussi observer que les gens veulent quelque chose de qualitativement différent. Des goûts différents. Une touche japonaise, par exemple.  On les retrouve dans les supermarchés. C'est au B2B, à nous, d'apporter de nouvelles saveurs sur le marché. C'est ce que fait Sligro. En ce moment, par exemple, Unilever introduit des produits saveur umami. Il existe également sur le marché du bœuf wagyube séché. Phé-no-mé-nal. Il existe aujourd'hui des moyens d'introduire sur le marché des saveurs et des préparations complexes qui n'existaient pas auparavant. Il s'agit d'un important pas en avant.

Que pensez-vous de l'essor du bio ?

Je pense qu'avant tout, le bio peut être un moteur pour produire autrement. L'agriculture moderne cherche des moyens d'utiliser moins de pesticides et d'utiliser la terre différemment. Le bio a lancé cette tendance. En conséquence, le secteur fait un grand pas en avant. Le point de départ est clair : ce qui est bon pour la nature est aussi bon pour l'homme, et ce qui est mauvais pour l'un est pire pour l'autre. Quant à supprimer la viande et le poisson de son alimentation, je ne pense pas que ce soit la solution.

Vous croyez en la technologie...

J'y crois, oui. C'est dans cette direction que nous devons aller. Vers une production plus efficace. Ma fille de 24 ans est bio-ingénieur. Elle travaille aussi dans ce sens. Elle fait des recherches doctorales sur ce qui se passe quand on met moins d’additifs dans le pain. Moins de matière grasse, entre autres. Je ne savais pas qu'il y avait autant de matière grasse dans la farine, mais apparemment il y en a. Elle regarde ce que cela fait au goût du pain. Très bien, je pense que nous devrions tous faire de petits pas. Chez nous, nous avons construit une serre dans laquelle nous cultivons nos propres légumes. Ce n'est pas suffisant pour vivre, mais c'est un petit pas dans la bonne direction.

Retour à Sligro. Vous avez de grandes ambitions. En Belgique et en Europe. 

Notre ambition est de nous hisser parmi les trois premiers en Belgique d'ici cinq ans. Nous voulons ouvrir dix succursales. Et si nous sommes dans le trio de tête, il est aussi dans notre ambition de faire encore mieux. Sligro a également annoncé à ses actionnaires son intention de prendre des mesures ailleurs en Europe. Cela pourrait être l'Espagne ou le Portugal, mais cela pourrait aussi être le nord de l'Europe. Nous voulons nous agrandir en Europe.

 

Participez à notre événement!

Le 26 septembre prochain, Rudi Petit-Jean participera au débat de la session The Future of Food de Gondola Society. Durant cette session, vous aurez également l’occasion d’écouter les discours de Bart Buysse, Fevia, Paul Florizoone, Greenway Foods ou encore Nicolas Guillaume, Cornu.

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