Selon une récente étude de Test-Achats, l’industrie alimentaire encourage les jeunes à se tourner vers la malbouffe : 83% des produits, dont les publicités ont pour public-cible les enfants et les jeunes, sont ultra-transformés et arborent pour la plupart un Nutri-Score D ou E. Fevia réfute la critique

Aujourd’hui, un enfant européen sur trois est en surpoids ou fait face à l’obésité. « L’autorégulation de l’industrie alimentaire est inefficace. » C’est ce qui ressort d’une étude réalisée par Test-Achats, le BEUC (Bureau européen des unions de consommateurs) et neuf organisations de consommateurs à travers l’Europe. « Il est grand temps que l’Europe propose un encadrement légal strict pour enfin protéger nos jeunes », déclare l’association de consommateurs, qui avait pourtant déjà tiré la sonnette d’alarme en 2016. En effet, la majorité de ces collations sont des produits ultra-transformés (83%), le plus souvent arborant un Nutri-Score D (28%) ou E (43%).  Certaines contiennent de grandes quantités de sucres, de graisses ou de sel. Seules 27% étaient acceptables d’un point-de-vue nutritif. Des résultats alarmants qui ressortent d’une étude remontant au printemps dernier, au cours duquel Test-Achats a passé au crible les emballages et les publicités diffusées à la télévision ou en ligne (YouTube, Instagram et Facebook) de 179 collations pouvant être assimilées à des goûters (biscuits, produits laitiers, compotes, jus et boissons). Les experts ont ciblé les aliments dont l’emballage ou la promotion était conçu pour attirer le jeune public (entre 4 et 16 ans), c’est-à-dire des emballages attrayants, avec des mascottes, des sportifs, des personnages célèbres ou de dessins animés.

Pas de règlementation

« Actuellement, il n'existe pas de règles contraignantes à l'échelle de l’UE pour limiter le marketing alimentaire auprès des enfants. Le seul garde-fou est une initiative volontaire des grandes entreprises alimentaires – appelée ‘EU Pledge’ et dont le pendant belge se nomme ‘Belgian Pledge’ – visant à restreindre leur marketing », dénonce Test-Achats qui juge ces critères et engagements bien trop laxistes. Selon les critères nutritionnels de l’EU Pledge 2021, 68 aliments parmi les 179 analysés par Test-Achats peuvent faire l’objet de publicités auprès des enfants, tandis que pour ceux de l’OMS cela ne concerne que 16 aliments. Raison pour laquelle Test-Achats, le BEUC et neuf organisations européennes de consommateurs ont sélectionné les exemples de marketing qui enfreignaient les engagements pris dans l’EU Pledge. « Ces 81 cas ont été portés devant le ‘mécanisme de responsabilité’ mis en place par le Pledge. Au moment de la finalisation du rapport de cette étude (15/09/2021), sur les 81 plaintes déposées, seules 7 avaient été retenues par l'EU Pledge, 7 messages publicitaires retirés par les entreprises et une affaire est toujours en cours. Ainsi, moins de 2 plaintes sur 10 font l’objet d’un suivi digne de ce nom. Non seulement les critères sont laxistes, mais en plus, ils ne sont pas respectés. »

« De nombreuses institutions, dont l’OMS, ont reconnu la forte influence qu'exerce le marketing des aliments malsains sur les comportements alimentaires des enfants. A ce titre, il est urgent d’encadrer la publicité qui leur est destinée », déclare Julie Frère, porte-parole de Test-Achats, qui ajoute : « Au vu de l'inefficacité de l'autorégulation du marketing alimentaire par l'industrie, nous plaidons en faveur de règles européennes contraignantes qui imposeraient notamment la suppression de l’utilisation de techniques promotionnelles ayant une grande force d’attraction sur les enfants. »

Update 29 septembre

Une critique infondée selon Fevia

Fevia, la fédération de l'industrie alimentaire belge, n'est pas satisfaite des critiques avancées par Test-Achats et estime que l'organisation n'est pas assez transparente sur les critères utilisés pour analyser les snacks concernés par l’étude. Selon elle, il y a donc un manque d'approche scientifique. De plus, Fevia affirme que l’organisation des consommateurs ne respecterait pas ses propres engagements européens. « Test-Achats attaque le secteur avec un rapport subjectif et incorrect sur la commercialisation de produits alimentaires destinés aux enfants. Grâce au Belgian Pledge, nous avons une approche qui fonctionne et encourage les entreprises à continuer à innover. Nous sommes heureux d'entamer un dialogue sur la façon dont, en tant que secteur, nous pouvons mieux répondre à la demande justifiée d'un marketing responsable. Cependant, un appel unilatéral à une législation qui permettrait aux enfants de grandir dans un monde sans publicité est irréaliste », réagit Bart Buysse, CEO de Fevia. La fédération souligne que le Belgian Pledge contribue à améliorer les publicités qui visent particulièrement les jeunes et qu'il répond également à l'évolution rapide de l'utilisation des médias par les enfants. « Une telle démarche, fondée sur des engagements volontaires et un dialogue constructif, est la meilleure garantie de résultats réels », conclut Bart Buysse.