Qu’adviendra-t-il des quelque 9.000 employés des 128 supermarchés Delhaize intégrés le jour où ceux-ci seront franchisés ? Si l’on en croit la direction, rien ne changera pour eux. Mais à entendre les syndicats, leurs conditions de travail vont fortement se détériorer. Où se situe la vérité ? Tentative de réponse avec Matthieu Dewèvre, conseiller ‘affaires sociales’ pour l’UCM.

Le 7 mars 2023, la direction de Delhaize a fait voler en éclats un modèle assis sur 155 ans d’histoire. En annonçant son intention de franchiser ses 128 supermarchés intégrés, le retailer va se délester par la même occasion de quelque 9.000 membres de sa ‘famille’, qui en compte aujourd’hui environ 17.000. Cette décision a suscité la colère, la tristesse, voire l’écœurement dans les rangs du personnel, des sentiments auxquels il convient d’ajouter la peur, celle de ne pas savoir ce qu’il adviendra de leur emploi, de leur salaire, de leurs conditions de travail. Pourtant, à écouter la direction de l’enseigne au lion, rien (ou presque) ne changera pour eux. Tous les collaborateurs des supermarchés ayant un contrat avec Delhaize garderont leur emploi et l’ensemble de leurs conditions salariales et de travail actuelles, a-t-elle assuré en substance. Mais du côté syndical, on ne croit guère à ces promesses et on redoute in fine une détérioration de l’emploi pour les travailleurs de Delhaize et plus largement dans le retail dans son ensemble. “Si aujourd’hui on laisse Delhaize et Intermarché faire ce qu’ils sont en train de faire, alors demain, c’est tout le secteur qui va s’engouffrer dans la brèche et tendre vers un modèle où les droits des travailleurs seront encore abaissés”, nous déclarait récemment Myriam Djegham, secrétaire CNE pour le commerce. Alors, qui a raison et qui a tort ? Et travailler pour des indépendants, est-ce tellement différent, et et tellement moins avantageux ?