E-commerce et durabilité sont deux concepts difficilement conciliables pour beaucoup de gens. Mais quelle est la véritable durabilité de l’e-commerce et quel est son potentiel ? Explications par Heleen Buldeo Rai, chercheuse à la VUB et experte en logistique urbaine.

Depuis quelques années, l’e-commerce rattrape bien son retard dans notre pays. Si la Belgique était auparavant sérieusement à la traîne par rapport à des pays avancés comme les Pays-Bas, l’écart semble se combler lentement depuis 2-3 ans, grâce notamment à la pandémie du coronavirus : la part des dépenses en e-commerce s’élève ainsi aujourd’hui à 15% chez nous, contre 18% aux Pays-Bas. Tous les concepts ne sont cependant pas viables, comme on l’a vu avec l'enseigne de livraison ultra-rapide Gorillas, contrainte de se retirer de notre pays l’année dernière. Toutes ces camionnettes de livraison – pas toujours remplies au maximum  – en plus sur les routes et la montagne d’emballages ont en outre suscité de plus en plus de questions sur la possibilité de concilier e-commerce et durabilité. Selon Heleen Buldeo Rai, chercheuse à la VUB et experte en logistique urbaine, spécialisée dans l’e-commerce et la durabilité, il s’agit là de suppositions que les gens font par méconnaissance et par manque d’implication dans le sujet. Dans son récent ouvrage “Duurzaam online shoppen: praktijkgids voor e-commerce van morgen” (“Les achats en ligne durables, un guide pratique pour l’e-commerce de demain”), elle démontre que les deux concepts peuvent bel et bien aller de pair, mais affirme que rendre l’e-commerce plus durable nécessite avant tout un changement de mentalité, tant dans le chef des retailers que dans celui des consommateurs. “Bon nombre de consommateurs veulent que leur colis leur soit livré le plus rapidement possible, de préférence gratuitement, au moment et de la manière qui leur convient. C’est faisable, mais ce n’est pas toujours l’option la plus efficace ni la plus écologique. C’est pour cette raison qu’il est important que le consommateur comme le retailer changent de mentalité”, explique-t-elle. “Depuis le début de l’e-commerce, les web shops ont offert le plus grand confort possible aux clients, mais aujourd’hui, ils doivent urgemment contribuer à faciliter des choix durables. L’e-commerce est l’outil adapté pour ce faire. Il offre un tel potentiel : on peut utiliser intelligemment les données et proposer l’option la plus écologique aux consommateurs. Cela ne devrait pas être compliqué.” Elle souligne toutefois que le consommateur doit lui aussi prendre ses responsabilités. “En définitive, c’est le consommateur qui tient les rênes. Il est donc primordial de veiller à une plus grande conscientisation en matière d’e-commerce durable.”