La croissance du premier investisseur et employeur industriel de Wallonie s’essouffle: l’industrie alimentaire wallonne voit en effet son chiffre d’affaires baisser et ses exportations ralentir. C’est le constat que dresse aujourd’hui la Fevia.

Si elle continue d’investir et de créer des emplois, l’industrie alimentaire wallonne s’essouffle et voit son chiffre d’affaires baisser et ses exportations ralentir.  Pour la Fevia, il est important qu’elle reste compétitive et poursuive son développement. Comment? En continuant à innover! « En Wallonie, il y a un énorme potentiel dans les filières locales pour créer de la valeur et des emplois chez nous, mais à condition de les orienter vers les nouveaux besoins des consommateurs. Investissons, avec nos agriculteurs, dans ces filières et restons ouverts au monde », indique Guy Paternoster, président de Fevia Wallonie. 

Profitant de sa présence à la Foire de Libramont, il lance un signal fort aux futurs décideurs wallons : « Oubliez les taxes et misez sur la création de valeur en impliquant tous les acteurs dans la mise en place d’un système alimentaire durable au niveau wallon ! ». 

L’industrie alimentaire wallonne reste le plus grand employeur

Avec 2 % de croissance de l’emploi en 2018, l’industrie alimentaire wallonne a encore renforcé sa place de plus grand employeur industriel en Wallonie, générant 23.000 emplois directs et 37.000 emplois indirects. Cette évolution fait suite à la vague d’investissements de ces dernières années et aux mesures en matière de réduction des coûts salariaux tel que le tax shift.

Malgré un léger recul en 2018 (0.1 %), les investissements restent stables et à un niveau élevé. Ils représentent plus de 30 % du total des investissements industriels wallons. C’est grâce aux exportations et à l’innovation que les entreprises peuvent investir et continuer à engager chaque année plus de travailleurs. Les exportations ont cependant quelque peu fléchi en 2018, mais les exportations lointaines sont en croissance, notamment vers les USA (+5,8 %) et la Chine (+23,6 %).

Mais… le marché intérieur est en repli

« Malheureusement, notre secteur peine toujours à trouver les bons profils techniques pour soutenir sa croissance. Nous cherchons en moyenne 500 collaborateurs par jour », explique Anne Reul, Secrétaire générale de Fevia Wallonie. « C’est la raison pour laquelle nous appelons les autorités à mettre en place un cadre adéquat pour renforcer les flux de talents vers notre secteur, via l’enseignement, la reconversion et l’activation ».

« Notre deuxième défi est lié à une baisse du chiffre d’affaires » déclare Fevia. Pour la première fois depuis 2013, le chiffre d’affaires global de l’industrie alimentaire wallonne enregistre en effet une légère baisse de 1,7 % en 2018, principalement due à la baisse du chiffre d’affaires sur le marché intérieur de 3,3 %. 

La cause ? « Le millefeuille d’accises, de taxes et de redevances qui rendent nos produits trop coûteux en Belgique et encouragent les achats transfrontaliers ». De nouveaux chiffres de GfK indiquent qu’en 2018, les Belges ont acheté pour un montant de 616 millions d’euros en alimentation et boissons dans nos pays voisins, une augmentation de 4,6 % en 2018  (+43,4 % les 10 dernières années). « Les achats transfrontaliers ont fortement augmenté en France, atteignant jusqu’à 273 millions d’euros l’année dernière. Ce recul des ventes ne nuit pas seulement à nos entreprises, mais à toute l’économie wallonne ! », souligne Guy Paternoster, le président de Fevia Wallonie.

Investir dans les filières d’avenir

Face à une croissance qui s’essouffle et la pénurie d’emplois, la Fevia affirme sa volonté de valoriser le potentiel du terroir et du savoir-faire belge. « Nous faisons appel en premier lieu à nos agriculteurs qui fournissent nos entreprises en matières premières » déclare la Fevia. Le lien entre agriculture et industrie alimentaire est fort : pas moins de 60 % des produits agricoles utilisés par l’industrie alimentaire sont belges. 

Les gens ne mangent plus comme avant, ils veulent varier leur alimentation, certains sont végans, végétariens ou flexitariens. Les producteurs qui se lancent dans des filières locales à haute valeur ajoutée peuvent fournir ces nouvelles matières premières aux entreprises pour répondre à cette tendance sans qu’elles doivent s’approvisionner ailleurs. 

Anne Reul
Secrétaire générale de Fevia Wallonie

Les défis qui menacent les industriels concernent aussi le monde agricole. « L’industrie alimentaire wallonne a les clés en mains pour booster le développement économique local wallon », déclare Guy Paternoster. « Investissons, en collaboration avec notre pôle d’innovation Wagralim, dans des filières qui valorisent les matières premières produites localement. Ces filières doivent nous permettre de répondre aux besoins des consommateurs et des marchés en croissance en restant ouverts au monde. »

« Les nouvelles tendances de consommation nous poussent à nous adapter et à nous réinventer », précise Anne Reul. « Les gens ne mangent plus comme avant, ils veulent varier leur alimentation, certains sont végans, végétariens ou flexitariens. Les producteurs qui se lancent dans des filières locales à haute valeur ajoutée, comme par exemple les pois ou le froment, peuvent fournir ces nouvelles matières premières aux entreprises pour répondre à cette tendance sans qu’elles doivent s’approvisionner ailleurs. Un choix win-win pour nos agriculteurs et nos industriels ! ». 

Fevia Wallonie plaide pour que les futurs décideurs wallons développent le cadre et les outils adéquats pour renforcer les filières locales, encourager la collaboration, mais surtout impliquer les différents acteurs, dont l’industrie alimentaire, à la réalisation d’un plan pour un système alimentaire durable en Wallonie.