Le groupe Carrefour présente ce mardi au cours d’un 'Digital day' un nouveau plan stratégique à cinq ans. Son ambition ? "Faire évoluer le groupe d'une entreprise de distribution traditionnelle vers une 'digital retail company'", explique Alexandre Bompard , le patron de Carrefour.

Alexandre Bompard lance un grand chantier autour du digital, un univers sur lequel son groupe va investir pas moins de trois milliards d’euros. L’objectif est de générer 600 millions de résultat opérationnel supplémentaires de ces activités à partir de 2026. C’est-ce qu’il a expliqué au quotidien économique français Les Echos.

Un tiers de ces nouveaux revenus devraient venir du volet 'retail media', autrement dit la vente aux grandes marques d’espaces publicitaires et de l’exploitation des données d’analyse du comportement clients extraites de sa database. Carrefour avait déjà annoncé en juin dernier le lancement de sa plateforme Carrefour Links.

Autre coup d’accélérateur, celui qui est mis sur les nouvelles formes de l'e-commerce, sous toutes ses formes. Carrefour a noué des alliances avec de nouveaux acteurs de la livraison et du quick commerce, tels que Uber Eats, Deliveroo, ou Cajoo. L’intention déclarée est de faire en sorte qu’un tiers de ses 80 millions de clients passent à l’achat omnicanal, et que ceci se traduise par 10 milliards de chiffre d’affaires sur l’e-commerce, au lieu des 3 prévus cette année (sur un chiffre d’affaires consolidé de 78 milliards). "C'est la force du modèle omnicanal. Nous savons désormais qu'un client physique qui devient utilisateur de nos plateformes digitales dépense au bout d'un an 22% de plus chez Carrefour", indique le patron français. Enfin, la digitalisation doit permettre de développer les services financiers, crédits et assurances.

Tout ceci ne se fera pas sans préparation. "En plus de nos 3.000 data scientists, nous formerons au digital les 320.000 collaborateurs de Carrefour en partenariat avec Google", signale Alexandre Bompard dans l’interview qu’il accorde à Les Echos. "Le digital doit être au coeur de nos fonctionnements, nous permettre de sortir définitivement d'une culture de silos et de mieux dialoguer avec nos clients comme avec nos collègues. C'est le sens de notre partenariat avec Facebook et son outil 'workplace' (…) Cela fait une dizaine d'années que je travaille pour des entreprises en concurrence avec Amazon. Je mesure l'extraordinaire puissance de cette entreprise comme les avantages indus qu'on lui a apportés. Mais aujourd'hui Carrefour a des moyens, une stratégie et un positionnement omnicanal qu'Amazon n'a pas et qui nous singularise. Carrefour a désormais une réponse stratégique et industrielle pour lui faire face."