Le CEO du Groupe néerlandais Blokker Holding annonce son départ. Celui de la filiale belge quitte aussitôt l'entreprise. Des développements qui confirment les préoccupations et doutes qui circulaient dans et autour de l'entreprise au cours des derniers mois.

Blokker est en crise, ce n'est pas une révélation. Le groupe néerlandais est confronté à une situation délicate: la pression concurrentielle est intense, avec entre autres l'essor d'Action, la confirmation du retour en forme de Hema, ou encore la situation spécifique sur le marché du jouet. Blokker se devait de réagir, et certainement de revoir profondément sa copie sur l'enseigne Blokker elle-même, clairement en retrait par rapport à la concurrence sur l'expérience de shopping.

Casper Meijer quittera ses fonctions de CEO et Président du conseil d’administration de Blokker Holding à la fin du mois de juin. Ce retrait est attribué à une divergence de point de vue avec les membres du Conseil de surveillance et les actionnaires quant à la rapidité des conversions de points de vente et des résultats enregistrés. Blokker Holding avait défini une stratégie concentrant l'effort sur Blokker, et choisi de céder ses autres enseignes (Intertoys, Maxi Toys, Xenos, Big Bazar et Leen Bakker). Pour revitaliser Blokker, le groupe avait entre autre recruté l'an passé Bas Verheijen, un expert du marketing ayant officié chez C1000, Albert Heijn et Procter & Gamble, et qui faut aussi l'un des co-fondateurs de l'enseigne Picnic.

Le départ de Casper Meijer, CEO de Blokker Holding depuis janvier 2016, mais aussi de l'enseigne Blokker depuis août 2017, fait bien entendu naître bien des doutes sur le succès de cette stratégie. Manifestement, les changements introduits n'ont pas porté leurs fruits.

Incertitude aussi en Belgique

Les chiffres de la filiale belge restent eux aussi dans le rouge. Si Blokker avait bien inauguré en novembre dernier à Gand le premier de ses points de vente belges répondant au nouveau concept du "Tout nouveau Blokker", on se demandait déjà si ce n'était pas "trop peu, trop tard". Ce concept renouvelé éprouvait d'ailleurs dejà de la peine à se traduire par des progrès significatifs là où il avait été préalablement introduit aux Pays-Bas. Et plus globalement, les échos parvenant depuis Blokker Belgique donnaient l'impression d'une forme de doute régnant dans l'entreprise, où le plan à suivre semblait perçu comme un exercice de la dernière chance. La présentation du magasin gantois, annoncé comme représentatif du nouveau standard "pour la Flandre", nous avait par exemple surpris avec sa formulation, apte à semer le doute sur l'avenir réservé au parc de Blokker au sud du pays.

Le départ immédiat du CEO de Blokker Belux, Bernd Bosch, est lui aussi une demi-surprise. Son contrat venait à échéance l'an passé. Il se disait alors qu'il ne l'avait prolongé qu'à la demande du groupe. Le groupe Blokker Holding nous signale que le terme mis à son contrat n'est pas lié aux développements à la tête du groupe et au départ de Casper Meijer.

Casper Meijer sera remplacé à son départ par Michiel Witteveen, actuel Président du Conseil de surveillance de Blokker Holding. Du côté de Blokker Belux, c'est Rudy Reynders, probablement le plus expérimenté et le plus fin connaisseur du fonctionnement opérationnel du réseau belgo-luxembourgeois, qui prend en charge la fonction de directeur général ad interim, le temps pour Blokker Holding de boucler le processus de recherche d'un nouveau titulaire. Au sein de la filiale belge, nombreux sont ceux qui pensaient dès l'an dernier que le CFO Jan Nap succéderait à terme à Bernd Bosch. Mais il vient entretemps de rejoindre le siège amstellodamois du groupe, en tant que "Divestment Program Director", une fonction manifestement liée à la vente par le groupe d'une série de ses enseignes et actifs.