Selon un rapport publié dans la revue scientifique The Lancet, l’obésité, la sous-alimentation et le dérèglement climatique ont des moteurs communs : « de puissants intérêts commerciaux, une réponse politique insuffisante et un manque de mobilisation de la société ». Pour les experts prenant part au dossier, les solutions doivent donc être communes. Chez nous, Fevia déplore la manière dont le rôle de l’industrie alimentaire « est abordé sans discernement » dans ce rapport.

La revue scientifique britannique The Lancet a publié, ce lundi 28 janvier 2019, un rapport issus des travaux de 43 experts de 14 pays sur le lien entre obésité, sous-nutrition et climat. « Ces vingt dernières années, obésité, dénutrition et changement climatique ont été considéré séparément » note le rapport, « et la lenteur des réponses politiques est inacceptable ». Le ton est donné. Selon ce nouveau rapport, qui fait suite à un premier publié à la mi-janvier, ces trois phénomènes interagissent. « Le système alimentaire est non seulement responsable des pandémies d’obésité et de sous-alimentation, mais génère également 25 à 30% des émissions de gaz à effet de serre ».

La revue fait non seulement référence à l’élevage des bétails, mais aussi à la logistique, l’utilisation de la voiture favorisant un mode de vie sédentaire, les politiques agricoles, l’urbanisation ou encore les « multinationales de l’alimentaire et des boissons qui se concentrent sur les profits ». Pour les experts, les problématiques de la dénutrition et de l’obésité devraient s’empirer avec le dérèglement climatique. Pour les experts, une réponse globale doit être apportée mêlant les politiques de santé publique, via par exemple des recommandations en matière d’alimentation équilibrée, et les politiques fiscales, via par exemple l’instauration de taxes, voire en finançant des modes de production durables. Les experts recommandent également un meilleur cadre autour des multinationales de l’alimentaire, faisant par exemple référence à ce qui a été mis en place pour le tabac. Via une convention-cadre sur les systèmes alimentaires, il serait, selon eux, plus simple de lutter contre le lobbying et limiter son influence sur le politique. En effet, selon le rapport, le secteur des sodas aurait ainsi dépensé 50 millions de dollars entre 2016 et 2017 en vue de contrer des mesures destinées à diminuer la consommation de sucre.

La réaction de Fevia

Chez nous, Fevia déplore la manière dont le rôle de l’industrie alimentaire « est abordé sans discernement » dans ce rapport.  « L’industrie alimentaire belge reconnaît qu’il existe effectivement des défis fondamentaux » déclare Fevia. « C’est pour cette raison que notre secteur travaille depuis de nombreuses années à des solutions qui permettent aujourd’hui d’offrir une offre alimentaire plus équilibrée par exemple. Ces évolutions positives sont le résultat d’une collaboration constructive entre l’industrie, les autorités et d’autres partenaires. Fevia appelle dès lors à continuer à impliquer l’industrie alimentaire, principalement composée de PME locales, afin de travailler ensemble à des solutions ».  

La fédération rappelle que dans le cadre de la Convention Alimentation Equilibrée, les entreprises alimentaires développent des produits contenant moins de sucres, de graisses et de sel et avec plus de fibres et de vitamines. « Les résultats intermédiaires que le secteur a communiqués l’année dernière en collaboration avec la ministre de la Santé publique De Block démontrent clairement que l’offre devient plus équilibrée » précise-t-elle alors. Il en va de même pour les boissons où Fevia notre des progrès remarquables.

Quant au marketing responsable, Fevia rappelle le large soutien qu’a reçu l’initiative The Belgian Pledge, dont les signataires s’engagent à ne pas faire de publicité pour des produits qui ne répondent pas à une série de critères nutritionnels. 

« Le rapport dans The Lancet souligne également l’impact mondial de l’alimentation sur les enjeux climatiques et les associe aux défis en matière de santé. Pour Fevia, la solution se trouve dans un système agroalimentaire global plus durable, sur base de connaissances scientifiques. Une telle approche systématique est impossible sans une participation de tous les maillons de la chaine, et donc aussi l’industrie alimentaire. Fevia est convaincue qu’une telle approche globale, qui fait évoluer tout le système dans la bonne direction de manière graduelle, aura plus d’impact qu’uniquement s’atteler à un nombre restreint de produits dits « durables » » conclut la fédération.