Le 11 mai est le Digital Pay Day – une « journée sans cash » –, portée sur les fonts baptismaux par le secteur du paiement (oui oui, ça existe !) afin de promouvoir le paiement électronique. S’il est une chose que le passé nous a apprise, c’est que tout progrès en matière de paiement électronique n’est possible que si les banques, les schémas de paiement, les fédérations professionnelles et les fournisseurs de services de paiement se serrent les coudes. Et c’est là chose indispensable car, effectivement, notre pays a accumulé un retard certain dans ce domaine. En Belgique, on dénombre 16.000 terminaux de paiement dans les magasins par million d’habitants, un score exécrable au niveau européen.

Pourtant, dans les années 1990, grâce à des solutions comme le portefeuille électronique Proton, notre plat pays faisait course en tête. Aujourd’hui, les commerçants de l’étranger s’étonnent que toutes les cartes de paiement belges ne soient déjà pas sans contact. Quel archaïsme ! Et ce n’est là qu’un exemple du fait que notre secteur des paiements – à quelques exceptions près – ne s’est que trop longtemps reposé sur ses lauriers.

Le vrai défi n’est donc évidemment pas de rattraper notre retard, mais bien de reprendre la tête. Osons regarder notre boule de cristal pour y observer l’avenir (pas si lointain) : il ne faudrait surtout pas que le secteur belge du paiement s’enfonce la tête dans le sable. Les Google et Facebook de ce monde sont parfaitement en mesure de déployer massivement leurs solutions de paiement. Les grands noms de la Silicon Valley ont en réalité tous les atouts en main : ils sont déjà dans les smartphones de pratiquement tout le monde. La seule raison pour laquelle ils n’ont pas encore misé de façon massive sur le déploiement de leurs produits de paiement s’explique sans doute par le fait qu’ils ne parviennent pas à choisir leur cible. Dans quoi veut-ils réellement investir ? La publicité, l’IA, les voitures autonomes ? Et ne doivent-ils pas d’abord remporter une série de combats en matière de protection de la vie privée ?

Je considère les grands acteurs internationaux comme des partenaires et pas vraiment comme des concurrents. Et certainement comme un miroir qui oblige des entreprises comme CCV, qui travaillent essentiellement avec des commerçants, à rester aux aguets. 

Dimitri Beck
CEO CCV Belgium

Le combat décisif n’a donc pas encore été mené, loin s’en faut. Gardez aussi à l’esprit que les banques et les fournisseurs de solution de paiement ont, eux aussi, d’excellentes cartes en main. La plupart des banques ont développé une stratégie numérique digne de ce nom et les outils qui vont avec : les banques aussi sont dans nos smartphones et un grand nombre d’entre elles y associent de plus en plus de services. Des sociétés comme CCV, quant à elles, ont l’immense avantage d’avoir construit une position imprenable dans certaines niches : elles connaissent les besoins du commerçant local et possèdent la flexibilité qui fait défaut aux poids lourds pour développer des produits (de niche) avec rapidité et souplesse. Nous pensons par exemple à notre plateforme d’e-commerce et à nos services de support.

Je considère les grands acteurs internationaux comme des partenaires et pas vraiment comme des concurrents. Et certainement comme un miroir qui oblige des entreprises comme CCV, qui travaillent essentiellement avec des commerçants, à rester aux aguets. 

Et donc, pour toutes ces raisons, fêtons le Digital Pay Day dans l’allégresse ! Faisons de la « journée sans cash » un moment où nous sommes particulièrement conscients des défis qui nous attendent, mais plus encore, un moment qui nous rappelle combien nous pouvons avoir confiance dans la solidité de notre approche du marché, et qui nous rappelle aussi que nous voulons avant tout rendre la vie des commerçant et des consommateurs à la fois plus sûre et plus confortable.

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