Nos produits sont-ils suremballés ? Les recyclons-nous suffisamment ? Le plastique est-il réellement le plus grand ennemi de notre environnement ? Et si oui, existe-t-il des alternatives ? Entretien avec Jurgita Girzadiene, responsable du développement durable chez Smurfit Kappa. Avec sa Better Planet Packaging Initiative, l’entreprise réfléchit à la manière dont les emballages pourraient être plus durables.

“Tous les emballages en plastique ne sont pas mauvais” affirme d’entrée de jeu Jurgita Girzadiene. “D’ailleurs, vous ne pouvez même pas dire du plastique qu’il est ‘bon’ ou ‘mauvais’. Tout dépend de l’usage que vous en faites, combien de fois ou pendant combien de temps vous l’utilisez. Il est vrai que beaucoup de nos emballages en plastique n’ont qu’une utilité très courte et qu’au-delà, rien n’est prévu. Pensez aux sacs du supermarché que nous utilisons cinq minutes avant de les ranger dans… un sac en plastique plus grand ! Ce n’est donc pas le plastique lui-même qui est en cause mais bien l’usage que nous en faisons. Tantôt le plastique constitue le meilleur choix, tantôt non.”

La planète et/ou le profit ?

Pour les entreprises, le type d’emballage est une question de choix et, trop souvent, ces choix sont guidés par deux critères : économies de temps et d’argent. “Cela revient à choisir entre ce qui est le mieux pour l’environnement ou pour l’équilibre financier. Et le plastique est souvent moins cher. Je m’attends toutefois, à plus ou moins long terme, à une taxation des déchets qui devrait provoquer un revirement. Nous constatons d’ailleurs que les entreprises sont prêtes à voir au-delà du coût direct d’un produit. Elles se préoccupent, par exemple, de l’impact sur leur image et des objectifs durables des actionnaires et des investisseurs. Dans ce contexte, le plastique pourrait bien ne plus être le meilleur choix. Le développement de l'emballage dans cet esprit est l'un des objectifs de notre initiative Better Planet Packaging.”

 

Full circle

Voilà des années qu’en matière de durabilité, la réduction des émissions de CO2 constitue l’objectif n°1 des entreprises. Il y a donc un focus sur la manière dont, par exemple, les produits sont transportés. Mais pas sur leur emballage. Pour Jurgita Girzadiene, juin 2018 a été un tournant. “Ce mois-là, le magazine National Geographic publiait un grand dossier intitulé ‘Planet or Plastic’. Il a ouvert les yeux à beaucoup d’entreprises et de gouvernements, tandis que de plus en plus de consommateurs et d’ONG se sont montrés très concernés par la question. Chez Smurfit Kappa, nous remarquons à quel point on pense désormais davantage full circle. En d’autres termes, on s’inquiète de ce qu’il advient des emballages après utilisation. Les grandes entreprises y travaillent, les plus petites suivront.”

 

Des opportunités pour le retail

Un conseil aux acteurs de la distribution ? “Parlez positivement du défi de l’emballage. Une photo d’animaux morts dans l’océan a un effet choc, mais il est plus utile de regarder autour de soi et d’évaluer les activités qui créent des déchets. Toutes les entreprises doivent s’interroger, les petites comme les grandes. En cela, nous devons agir de concert, encourager les comportements positifs. Les incentives, le nudging et la gamification sont des outils intéressants et pour lesquels Smurfit Kappa peut se révéler d’excellent conseil et entamer une reflexion avec vous.”

 

Quelles quantités de déchets récupérons-nous aujourd’hui ?

Deux termes sont importants : réutilisable (ce que vous pouvez utiliser à nouveau, par exemple un bac en plastique pour les bouteilles de bière) et recyclable (après traitement, le matériau peut à nouveau être utilisé, par exemple du papier). “Un troisième terme prend de plus en plus d’importance : récupération. Combien de déchets récupérez-vous ? Cette approche permet d’avoir une idée de ce qui est perdu. En Europe, nous récupérons 71% du plastique et 91% (!) du papier. Des statistiques éloquentes.”

 

L’économie circulaire

La récupération du plastique n’est que la première étape. “A la maison, nous trions nos déchets : papier, plastique, déchets ‘verts’ (jardin), ... Le processus de recyclage du papier permet de regrouper toutes sortes de papiers différents pour fabriquer un nouveau papier. Mais il n’y a pas un seul et unique plastique. Il est impossible de recycler tous les plastiques ensemble. Ils doivent faire l’objet d’un tri supplémentaire. Comment est-il effectué, par qui et qui paie la facture ? Ces questions sont d’une brûlante actualité. L’objectif de Better Planet Packaging Initiative est de rendre les emballages aussi durables que possible dès la phase de conception. Nous visons la ‘circularité’ complète de l’emballage au moment de la première épure. En travaillant avec un seul matériau, non seulement vous garantissez un recyclage complet mais vous pouvez le recycler encore encore jusqu’à sa quasi-totale disparition.”

 

Le papier est-il le meilleur emballage ?

“Parfois oui, parfois non. Comme je l’ai évoqué, le plastique n’est pas nécessairement mauvais : tout dépend des process mis en œuvre, en amont et en aval. C’est la même chose pour le papier, mais aussi pour le verre par exemple. Ceci dit, le papier est assurément le matériau le plus intéressant en termes de récupération et de recyclage. Les études montrent que les consommateurs d’un certain nombre de pays européens – Royaume-Uni, Allemagne, France et Espagne – sont plus ouverts que d’autres – Pays-Bas – aux emballages en papier. Les raisons de cette disparité ne sont pas très claires.”

Better Planet Packaging Initiative

Pour apporter des réponses à toutes ces questions concernant la terminologie, les paramètres, l’économie circulaire et l’impact des emballages, Smurfit Kappa a lancé en septembre 2018 la Better Planet Packaging Initiative. L'objectif est de travailler avec les clients et les autres parties prenantes sur des solutions qui contribuent à un avenir plus durable. “C’est absolument passionnant. Les demandes et les attentes du consommateur changent constamment, tout comme les réglementations. Fabricants et fournisseurs doivent évidemment en tenir compte et Smurfit Kappa peut être un partenaire précieux dans ce domaine.”

Une idée à huit mille euros ?

Smurfit Kappa est à l’écoute de toutes les idées qui permettraient de concevoir de meilleurs emballages. Le Design Challenge lancé par l’entreprise est doté d’un prix de 8.000 euros. Le concours propose de relever deux défis : le premier consiste à trouver une alternative aux films étirables utilisés pour stabiliser les palettes et d’imaginer une solution recyclable ou réutilisable ; le second porte sur le développement d’emballages pour les produits nécessitant une protection thermique (le chocolat, par exemple). Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 29 mars 2019.

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