Alors qu’un accord sur le travail de nuit semble à portée de main dans le secteur de la logistique, il est totalement dans l’impasse pour ce qui concerne le commerce, où la concertation a échoué. Dans un communiqué commun, les syndicats affirment qu’ils ne porteront pas la responsabilité de cet échec: “Ce sont les employeurs qui ne veulent pas entendre parler de concertation”, disent-ils.

Au début de cette année, le gouvernement fédéral avait souligné combien un accord sur le travail de nuit était absolument nécessaire pour dynamiser le secteur de l’e-commerce, et stopper l’évasion de toute activité des plateformes d’e-fulfillment vers l’étranger, et en particulier vers les Pays-Bas. Après l’échec d’une table ronde, le ministre du Travail et de l’Economie Kris Peeters avait invité en mai les partenaires sociaux à conclure eux-mêmes un accord, avec la fin 2015 pour échéance.

Problème de taille: ces partenaires sociaux émargent à différents comités paritaires. Dans le secteur du transport, de la logistique et du commerce international, on trouve déjà un accord sectoriel autour du travail de nuit, qui doit seulement être adapté aux conditions de travail spécifiques de l’e-commerce. Un objectif qui semble atteignable. Mais pour aligner toutes les parties concernées sur un tel accord, il faut aussi recueillir l’assentiment des représentants des comités paritaires 203-311-312, soit ceux des magasins et supermarchés. Et c’est là que la négociation a échoppé.

 

Dans leur communiqué, les syndicats disent rester ouverts à un dialogue sur la problématique du commerce électronique et du travail de nuit, mais ils exigent “un encadrement clair  par secteur afin d’éviter des dérapages.”

 

Encadrement

“En tant que syndicats, nous ne rejettons pas le dialogue. Nous ne refusons pas de parler, y compris sur le travail de nuit, mais il convient que ceci se fasse dans le cadre d’un travail valorisant pour les employés, d’un équilibre entre travail et vie privée, d’emplois stables et d’une rémunération correcte pour ces prestations pénibles. Seul un encadrement sectoriel est capable de garantir que toutes les entreprises soit traitées sur le même pied en matière d’e-commerce.”

 

“Les employeurs sont tout sauf disposés à encadrer spécifiquement le travail de nuit. (...) Nous regrettons également que les fédérations d’employeurs représentant le commerce pour tous les sujets à l’ordre du jour dans le secteur, comme l’encadrement du travail dominical ou les horaires d’ouverture, se livrent davantage à un lobby politique ultra-libéral plutôt qu’à jouer la carte de la concertation avec ceux qui sont concernés, en l’occurrence les représentants des travailleurs.”

 

Griefs envers le Politique

Le gouvernement reçoit lui aussi son lot de critiques. “Il est regrettable que la politique concernant des sujets qui affectent les salariés vienne systématiquement court-circuiter le dialogue social.”

 

Les syndicats blâment notamment le dépôt d’une proposition de loi autorisant le travail de nuit dans tous les services logistiques et de support liés au commerce électronique. “Quelle coincidence, et surtout quelle aubaine pour les employeurs: ils n’ont aucun intérêt à discuter d’un encadrement sectoriel, maintenant qu’il y a cette proposition de loi.”

 

“Les syndicats ne porteront pas la responsabilité de l’échec du groupe de travail. Ce sont les employeurs qui ne veulent pas entendre parler de concertation. Nous le ferons clairement savoir au ministre Peeters lors de la prochaine réunion.”

 

Côté employeurs, le communiqué des syndicats n’a pour l’instant pas suscité de réaction.