Entre janvier et août, les accises sur l’alcool auraient rapporté 92 millions d’euros moins que prévu. Pour le tabac, la différence irait même jusqu’à plus de 142 millions d’euros. Une information de Sudpresse.

Les accises sur l’alcool et le tabac ne rapporteraient pas autant qu’escompté. La hausse des accises sur les boissons alcoolisées devait permettre de récolter 220 millions d’euros sur le total de l’année 2016. Entre janvier et août, le gain était estimé à 146,66 millions d’euros. Or la mesure n’a rapporté que 54,49 millions d’euros, soit 92,17 millions d’euros de moins qu’escompté.

Selon Sudpresse, du côté du tabac, au lieu d’un gain de 132,67 millions d’euros en huit mois, le budget de l’Etat encaisserait même une perte de 142,54 millions d’euros par rapport à ses prévisions.

Sonnette d’alarme tirée

Dans le secteur, nombreuses sont les organisations et les marques à avoir déjà tiré la sonnette d’alarme, évoquant un glissement vers davantage d'achats transfrontaliers. Ainsi, en avril dernier, le SNI déclarait que les ventes de boissons alcoolisées avaient chuté de 14% entre novembre 2015 et mars 2016. Des chiffres que nous confirmait alors Silvie Vanhout (The Retail Academy) sur base d’une étude en cours au sujet de l’impact de la hausse des accises sur les boissons alcoolisées. Selon les premières conclusions de celle-ci, un résultat comparable était en effet observé sur une plus longue période. Si le SNI parlait d’une recrudescence du nombre de vols à l’étalage de ce type de produit, il soulignait également un mouvement d’achats transfrontaliers.

« Depuis 2010, les achats transfrontaliers en France ont doublé. Aujourd’hui, nous perdons environ 100 millions d’euros d’achats rien que chez nos voisins du Sud, sans compter les Pays-Bas, le Luxembourg et l’Allemagne. Ce sont des chiffres inquiétants car chaque euro dépensé dans les pays voisins est une perte pour l’économie belge. Ce phénomène menace les effets du tax-shift et la force de nos exportations et mènera inévitablement à des pertes d’emplois dans l’industrie alimentaire belge »,  prévenait, en août, Chris Moris, directeur général chez Fevia. La fédération estimait alors que l’économie belge risquait de perdre automatiquement 150 millions d’euros supplémentaires et appelait le gouvernement à « mettre le holà sur les taxes ». Leitmotiv que reprendra quelques jour plus tard la FIEB dans le cadre de la taxe santé appelant même à sa suppression pure et simple.

De son côté, Diageo, l’un des plus grands acteurs du marché des spiritueux, annonçait en août avoir « stoppé la croissance de l’emploi en Belgique ». Selon le groupe, « les conséquences de la hausse des accises sont dramatiques ». En Belgique, les volumes de vente de Diageo ont en effet chuté de 25% entre l’introduction de la hausse des accises en novembre 2015 et août 2016. Parallèlement, les ventes semblent avoir bondi tant au Luxembourg qu’aux Pays-Bas. En arrêtant la croissance de l’emploi chez nous, Diageo entendait émettre un signal clair à destination du gouvernement.