Ce mercredi 17 janvier, les organisations syndicales SETCa-BBTK, CNE-LBC et CGSLB-ACLVB tenaient une action devant le siège de Comeos, la fédération belge du commerce et des services. Objectif? Manifester leur désaccord avec l’introduction des flexi-jobs dans le secteur du commerce. Après s’être rencontrés, les organisations syndicales et Comeos parlent en choeur d’une rencontre constructive.

Fin 2017, le gouvernement décidait d’étendre le système des flexi-jobs, jusque-là dédié à l’horeca, à d’autres secteurs tels que le commerce. Pour rappel, il s’agit là de permettre à un travailleur occupé auprès d’un ou plusieurs autres employeurs à 4/5e temps au moins de bénéficier de revenus complémentaires dans les secteurs désignés par la loi. Dans ce cadre, l’employeur et le futur flexi-jobiste concluent un contrat-cadre (salaire, fonction et modalités d’appel). L’employeur peut alors faire appel au travailleur lorsqu’il en a besoin. Ils concluent alors un contrat de travail à durée déterminée. Cela signifie donc que le flexi-jobiste ne fait pas partie du personnel fixe de la société, mais vient renforcer l’équipe en cas de journée à forte activité. Il peut aussi être employé un jour par semaine, mais jamais sous contrat indéterminé.

Ces flexi-jobs, les organisations syndicales n’en veulent pas. « Des travailleurs (qui sont déjà très flexibles) le seront encore plus à l’avenir. Ils seront aussi encore un peu plus appauvris, avec des appels (à la demande) pour de sous-statuts de travailleurs et des espoirs de temps pleins qui s’envolent pour les travailleurs fixes du secteur (pour la plupart occupés à temps partiels et peinant à obtenir des heures en plus). Un pas en avant vers une plus grande précarité pour tous donc » expliquent celles-ci. « Le gouvernement a ajouté dans ses tiroirs de l’accord d’été la possibilité pour les employeurs d’intensifier le travail de nuit et le travail dominical avec la plus grande facilité, le tout sans que toutes les organisations syndicales aient leur mot à dire » poursuivent la SETCa, la CNE et la CGSLB.

Les organisations syndicales tracent la ligne à ne pas franchir

Pour manifester leur opposition à ce système de flexi-jobs, les organisations syndicales, qui estiment ne pas avoir été entendues par le gouvernement, ont donc organisé une action devant le siège de Comeos.

Si les deux parties évoquent une rencontre constructive, les syndicats appellent à la vigilance. « Comeos indique ne pas être demandeur de statut de flexi-jobber dans les magasins. Néanmoins, ils ont réitéré leur demande de plus de flexibilité. Les organisations syndicales ont confirmé à Comeos que si d’aventure des flexi-jobs devaient être introduits dans les magasins, il s’agirait là d’une vraie déclaration de guerre et que des réactions immédiates seraient organisées. Pour rappel, dans le commerce, plus de 50 % des travailleurs sont des travailleurs à temps partiel qui réclament des heures complémentaires. L’introduction de flexi-jobs dans les magasins reviendrait à supprimer toute possibilité d’enfin accéder au temps plein pour les travailleurs à temps partiel. Inutile de répéter que la vigilance restera grande au niveau du commerce ! Un employeur averti en vaut deux ! ». 

Comeos : « Un ajustement possible »

Plus tôt dans la matinée, Comeos indiquait en effet avoir rencontré les organisations syndicales. Plutôt que d’appuyer la mesure du gouvernement, la fédération affirme vouloir tendre la main aux syndicats en vue de moderniser ensemble le marché du travail. Comeos rappelle toutefois, comme le soulignent les syndicats, être demandeur de davantage de flexibilité. Ce sujet épineux devrait dès lors faire l'objet d'une plus longue réflexion avant d'en arriver à un débat.  D’autant que les organisations syndicales ont tracé par cette action et cette discussion la ligne à ne pas franchir .

« Nous avons absolument besoin de plus de flexibilité dans notre secteur. C'est maintenant clair pour tout le monde: un magasin moyen a besoin de moins de personnel le mardi matin que le samedi matin. Le client a aujourd'hui une attente complètement différente de celle du client d'il y a vingt ans. Nous devons donc nous adapter et si nous voulons garantir des emplois avec les syndicats, nous devons nous assurer de pouvoir répondre aux besoins des clients. Il y a plusieurs façons de rendre cet ajustement possible. Nous tendons la main aux syndicats pour y réfléchir ensemble de manière constructive » précisait en effet Comeos.

Photo: Compte Twitter de Dominique Michel, CEO de Comeos.