Ce sont nos confrères allemands de Lebensmittel Zeitung qui l'ont révélé: un conflit oppose l'alliance d'achat Agecore à Mars, Red Bull et Heineken, auxquels il est demandé un effort de 0,8% sur les conditions d'achat. En attendant, certaines références des marques concernées disparaissent progressivement en rayon. Un sentiment de déjà-vu, après l'épisode Nestlé au printemps.

Ce sont nos confrères de Lebensmittel Zeitung qui l'ont révélé: un conflit oppose l'alliance d'achat Agecore (Colruyt, Edeka, Intermarché, Coop Suisse, Eroski et Conad) à une série de grands fournisseurs tels que Mars, Red Bull, Heineken, auxquels le groupement d'achat reproche de pratiquer des tarifs excessifs. Un véritable bras de fer est engagé, comme le soulignent nos confrères allemands en titrant l'article "Edeka punit Mars et Red Bull" et en signalant que faute de voir appliqué un rabais de 0,8% sur les conditions d'achat, ce sont 56 références de Mars, 21 de Red Bull, et 14 de Heineken qui auraient disparu des rayons d'Edeka. Le distributeur allemand n'est pourtant pas le seul à avoir interrompu ses achats auprès de ces fournisseurs. La discipline de groupe fonctionne aussi chez les autres partenaires de l'alliance, y compris chez nous avec Colruyt, où plusieurs produits sont momentanément manquants: le Red Bull 25 cl, 1 référence Whiskas, 2 références Pedigree, 4 références Perfect Fit, 3 référence Mars et 1 référence Maltesers. Bien entendu, cet inventaire est provisoire et lié à l'état de stock, et tout semble indiquer que les enseignes concernées adoptent la même position de principe.

Agecore muscle manifestement son jeu par rapport aux fournisseurs, puisqu'on se rappelle qu'un conflit du même type l'avait opposé en février dernier à Nestlé. Un conflit à une échelle massive, puisque ce sont 150 produits du portefeuille du géant de Vevey qui se retrouvèrent privés de présence en rayon, avant qu'un accord ne soit trouvé au début du mois de mai. Le fait que le leader mondial de l'alimentaire ait alors dû plier prouve la résolution des membres de l'alliance Agecore, aujourd'hui perçue par les fournisseurs comme une des plus agressives. Il se murmure aussi chez les fournisseurs européens que cette nervosité soit due à une forme de jalousie. On le sait, le Français Leclerc et l'Allemand Rewe ont créé une centrale d'achat commune, Eurelec Trading. Dès qu'un fournisseur conclut un accord de négo avec Eurelec, une forme de réaction en chaîne se créerait, invitant Agecore à mettre systématiquement la pression sur ces fournisseurs pour obtenir des conditions au moins aussi favorables que celles dont ils pensent qu'a bénéficié Eurelec.

Interrogés par nos soins, les responsables de Colruyt nous ont transmis une réponse très diplomatiquement correcte: "Tout comme chaque année à pareille époque, nous conduisons des discussions avec nos fournisseurs. Comme nous souhaitons aborder ces discussions de façon constructive, dans le respect de nos partenaires à la table de discussion, nous ne souhaitons pas fournir davantage de détails. Nous sommes convaincus que nous réussirons à résoudre ceci ensemble de façon constructive, tout comme nous y sommes parvenus dans le passé."