Mise à jour du 19 mai

La commission des états membres s'est réuni comme prévu les 18 et 19 mai au sujet de la prolongation de l'autorisation des herbicides contenant du glyphosate. La décision, étonnante à notre avis, proposée en avril semble aujourd'hui être loin d'une réalité. Un avis pour ou contre le renouvellement n'a donc pas encore été pris, bien que le délai final du 30 juin se rapproche à grand pas. Si les états membres ne trouvent pas de compromis, c'est La Commission Européenne même qui devra prendre la décision. A suivre...

L’Union européenne a pris une décision concernant les herbicides contenant du glyphosate. La commission en charge a finalement choisi de prolonger l’autorisation de son utilisation professionnelle (agriculture, services des espaces verts, etc.). Chez les particuliers, le glyphosate sera par contre supprimé du commerce, si le vote final (vraisemblablement les 18-19 mai 2016) suit cette recommandation. 

Etonnant et contradictoire

Le choix de l'UE est étonnant. Si l'on part du principe que le glyphosate est en effet nocif en terme de santé publique lorsqu’il se répand en grandes quantités dans la nature (eaux souterraines), il est donc logique de réduire ces grandes quantités. Interdire l'usage du particulier est comme tenter d’éteindre un feu de forêt avec un sceau d’eau.

Différentes études ont déjà démontré que l'utilisation du glyphosate, en particulier dans des applications agricoles, s’est multipliée au cours des deux dernières décennies. Aux Etats-Unis, par exemple, l'utilisation est passée d'environ 3.000 tonnes en 1987 à 109.000 tonnes en 2014!

Toute la discussion autour du glyphosate est basée sur une étude du CIRC (Centre International de Recherche sur le Cancer), qui le désigne comme étant "probablement cancérigène". A noter que l'exposition au soleil et l'alcool par exemple, sont cancérigènes. Nous nous référons ici aux différents articles de la CTGB, le Collège néerlandais des scientifiques et des médecins qui accordent les autorisations des produits phytopharmaceutiques et des biocides, qui sont également présents dans les produits d’entretien.

Gondola a immédiatement demandé l’opinion du Professeur Jan Tytgat, toxicologue à la KULeuven sur cette décision: «Elle est en contradiction avec les preuves scientifiques concernant le glyphosate. C’est précisément par une utilisation massive (des tonnes par État membre de l'UE) et par la stabilité sous-estimée des sols (en lien avec les métaux et la chélation), que le glyphosate apparait dans l'eau de surface, le sol, et aussi dans les légumes, même dans la bière ... Par contre, contrairement à l’usage à grande échelle du secteur professionnel, la contribution de l’utilisation des particuliers est négligeable (comprenez néant). "

Jeu politique

Chris Van Wesemael, spécialiste dans les secteurs du bricolage et du jardinage ne peut s’empêcher de penser que toute cette décision est influencée par le lobby politique (à la fois pour et contre).

« Est-ce une coïncidence si ce compromis est arrivé suite à l’incitation de la fraction EPP? » déclare Chris, sans ambages. "Quand je lis que Tom Vandenkendelaere du CD & V défend cet accord, je me pose des questions. (Voir le site de DS le 13/4) "Vandenkendelaere vient de Roeselare, le territoire agricole par excellence, et a fait notamment ses études au ‘Petit Séminaire’. Cet école est communément connue comme étant le bastion des ‘Boerenbond’ et ces derniers forment l'un des principaux piliers du CD & V. Il est moins spécialisé dans ce domaine en tant que Master en relations internationales, mais il est bien vu dans les milieux agricoles et ne fait que trop souvent référence à l'agriculture. » (Voir le site Jong CD & V par exemple).

Extension limitée

La recommandation limite la prolongation de l’autorisation à 7 ans au lieu des 15 années habituelles.

"De cette façon, la patate chaude – restons dans des termes agricoles – est remise à la prochaine législature," continue Chris. Les élections au Parlement européen auront lieu en mai 2019. Est-ce que la fraction EPP y sera autant représentée, vu tous changements récents en politique, est la question.

Réactions

Nous avons demandé une réaction à Scotts Benelux, distributeur de Roundup, l'herbicide le plus vendu aux particuliers. Filip Meyermans, directeur du marketing, nous a seulement confié qu’il était "très surpris" par cette décision.

Chez le fabricant Monsanto, le personnel semble également pris de court. Sarah Driessens, Lawn & Garden Regulatory and Business support Manager International, nous a fait part de sa surprise quant au fait que le débat se soit cantonné à l’usage privé. "Même les produits d’entretien pour les articles ménagers contiennent des éléments potentiellement cancérigènes, s’ils sont utilisés dans des concentrations élevées." Monsanto attend le vote final du mois de mai avant de réagir.