L’année dernière, le commerce en ligne en Belgique a représenté un chiffre d’affaires de 6,46 milliards d’euros. Toutefois, Comeos note qu'une part toujours plus importante s’échappe vers des acteurs en ligne dans les pays voisins et évalue la perte totale à trois milliards d’euros.

Comeos, la fédération du commerce et des services, constate dans son cinquième rapport annuel sur l’e-commerce que la part du commerce en ligne dans le chiffre d’affaires total du secteur continue d’augmenter : l’année dernière, l’e-commerce a représenté 7,13% du chiffre d’affaires. A titre de comparaison, les Belges avaient, en 2014, dépensé 5,62 milliards d’euros en ligne, soit 6,44% du chiffre d’affaires total du commerce.

3 milliards vers l'étranger

"Mais la part qui s’échappe vers des acteurs (en ligne) étrangers croît aussi, à savoir de 11%", nuance la fédération. Actuellement, près de la moitié des achats sont réalisés à l’étranger : 46,8%. "Du coup, l’économie belge perd directement trois milliards d’euros" poursuit Comeos.

« D’année en année, nous attirons toujours plus de clients en ligne », indique Dominique Michel, CEO de Comeos. « L’année dernière, le commerce en ligne a gagné 440.000 nouveaux clients. Malheureusement, ils sont de plus en plus nombreux aussi à trouver leur bonheur au-delà des frontières. Les handicaps concurrentiels de nos commerçants belges se font doublement sentir pour les webshops : le client ne doit pas franchir la frontière, les webshops étrangers viennent véritablement à lui. En raison du coût du travail inférieur, de la flexibilité du travail plus élevée, de la TVA, des accises et des taxes plus faibles et des livraisons plus rapides et moins coûteuses, ces acteurs peuvent souvent travailler à des coûts nettement moins élevés et à une vitesse sensiblement supérieure. »

Travail de nuit 

« Heureusement, fin 2015, nous avons atteint un accord avec les partenaires sociaux visant à permettre enfin le travail de nuit dans la logistique pour l’e-commerce », poursuit Dominique Michel. « Jusqu’à présent, nous ne pouvions traiter aucune commande en ligne la nuit. Si les accords sont confirmés, nos commerçants pourront quand même lutter à armes égales avec la concurrence étrangère dans ce domaine. Par contre, si les accords ne sont pas entérinés, le dossier sera renvoyé au gouvernement. Quant au fossé salarial, il se réduit également un peu grâce au tax shift : d’ici 2019, il devrait être ramené à 16%, contre 20% aujourd’hui, ce qui est naturellement encore fort élevé. »

« Ce handicap ne s’exprime pas uniquement chez le commerçant », souligne Dominique Michel. « Les acteurs qui veulent participer au processus logistique du commerce électronique y sont également confrontés. Expédier un paquet de deux kilos de Bruxelles à Vienne coûte par exemple 32 euros. Mais si vous envoyez le même paquet de Vienne à Bruxelles, il ne vous en coûtera que 14 euros. Dans l’ensemble de la chaîne logistique, il convient donc de mettre en place un terrain de jeu égal et équitable au sein de l’Europe. De sorte qu’en ce qui concerne le coût du travail, peu importe où vous installiez votre centre de distribution mais que vous puissiez alors opter pour la meilleure situation géographique.  Et c’est ainsi que nous pourrions faire de la Belgique le centre logistique de l’Europe. Mais voilà, cette opportunité risque maintenant de nous filer définitivement entre les doigts. »

Dominique Michel sera l'un des principaux orateurs invités à débattre des perspectives économiques dans le retail / FMCG le 25 février prochain lors d'une grande session The Retail Society. Inscrivez-vous dès aujourd'hui!