La démarque inconnue - perte occasionnée par le vol à l'étalage, la fraude des fournisseurs, le vol par le personnel et les erreurs administratives - a de nouveau augmenté en 2012. Les retailers belges ont dès lors vu disparaître 1,3% de leur chiffre d'affaires, soit quelque 975 millions d'euros. Fait marquant, le crime organisé augmente une nouvelle fois dans notre pays.

Taxe de 205,1 euros par ménage

Mais cette perte ne touche pas que les distributeurs, puisqu'elle représente un coût de 205,1€ par ménage belge, répercuté le plus souvent par une hausse des prix. Pour comparaison, au niveau international, ce coût s'élève à 101,5 euros. C'est ce qui ressort du GRTB, Baromètre mondial du vol dans le commerce et la distribution.

Cela fait 12 ans que Checkpoint demande à un service externe la réalisation d'une enquête internationale portant sur la démarque inconnue. Une étude qui, pour la première fois, a été réalisée par Euromonitor Intenational.16 marchés ont été étudiés et 157 distributeurs ont été interrogés. Ce qui représente 1.500 milliards de dollars de chiffre d'affaires (20% du marché). Les distributeurs belges interrogés enregistrent quant à eux, ensemble, un chiffre d'affaires de 75 milliards d'euros.

Plus de vols en Wallonie et à Bruxelles qu'en Flandre

En Belgique, on distingue des différences au sein des régions. Les détaillants bruxellois et wallons semblent en effet accuser plus de pertes liées au vol que leurs homologues flamands.

L'alimentation toujours plus visée

D'après les retailers belges, les voleurs s'attaquent avant tout aux produits précieux de petites tailles, comme des piles, des dvd, des jeux-vidéos ou des sous-vêtements. Mais aussi aux produits populaires pouvant aisément être revendus (smartphones, parfums, etc.). Toutefois, une tendance observée depuis quelques années semble se confirmer. "Cette étude met en lumière une grande tendance observée cette année en termes de vol. En effet, les distributeurs notent une hausse du nombre de vols dans l'alimentaire et plus particulièrement des viandes, poissons et fromages de prix supérieurs. Ces faits sont principalement imputables aux actuelles difficultés économiques", souligne Dominique Reumers, International Key Account Manager chez Checkpoint Systems. Concernant le circuit alimentaire, les taux de démarque inconnue varient de 1 à 3%.

Selon les distributeurs, les messages publicitaires augmenteraient la propension au vol. Les adolescents désirant les derniers gadgets et vêtements à la mode, se tournent aujourd'hui plus facilement vers le vol. Et les parents? "Malgré leurs difficultés économiques, les parents continuent de gâter leurs enfants en leur achetant les produits à la mode. Mais cela impacte leur budget. C'est pourquoi les produits cosmétiques et lames de rasoirs s'engouffrent aujourd'hui plus aisément dans leurs sacs qu'auparavant", explique M. Reumers. Les épiciers remarquent quant à eux une augmentation des vols de boissons et particulièrement de RedBull. "La crise économique désinhibe. Les clients sont aujourd'hui plus tentés par le vol. Désormais les vols concernent également les produits accessibles. En réalité, il y a deux types d'approche: La première est le vol impulsif et opportuniste - des petits articles en somme - la seconde est le vol destiné à la revente concernant là des produits plus chers comme des tablettes ou des foreuses.

Plus de vols internes que chez nos voisins

Depuis le début de la crise économique, le nombre des vols perpétrés par les clients et les employés ne cesse de grimper. Tant chez nous que chez nos voisins, le vol par les clients constitue la plus importante part de la démarque inconnue. Toutefois elle est moins importante chez nous que chez nos voisins proches (47% en Belgique, 59% aux Pays-Bas, 56% en France). Du côté du personnel par contre, la Belgique est mauvaise élève puisque la part est ici de 28% chez nous, contre 19% aux Pays-Bas ou encore 24% en Allemagne. En Belgique, les erreurs administratives représentent 15% de la démarque inconnue et la fraude des fournisseurs, 10%.

En termes de valeur, les vols commis par les employés peuvent être aussi importants, voire plus encore, que le vol à l’étalage pour certains distributeurs. Le vol à l’étalage se produit plus fréquemment, mais concerne habituellement des articles meilleurs marché, tandis que les vols commis par les employés surviennent moins souvent, mais impliquent habituellement des articles de plus forte valeur, tels que les cosmétiques, le maquillage ou les parfums.

Produits les plus volés dans le retail alimentaire:

  1. Produits électroniques
  2. Habillement
  3. Beauté et soin
  4. Aliments et boissons

En Belgique, la majorité des distributeurs prévoiraient enfin d'accroître leurs investissements dans la prévention des pertes sur le court terme. Parmi les exemples cités: étiquetage à la source (économie de temps et de coûts en magasin), amélioration des systèmes existants, formation du personnel (pour un effet dissuasif) et systèmes de vidéo-surveillance.

L'Allemagne et le Japon: les meilleurs résultats

Sur un niveau international, on notera que c'est au Japon que la démarque inconnue est la plus basse, représentant 1% des ventes, et que c'est au Mexique et au Brésil qu'elle est la plus haute, jusqu'à 1,6% des ventes. Aux Etats-Unis la démarque inconnue touche quant à elle 1,5% des ventes. L'Allemagne est le seul pays repris dans l'enquête où les retailers constatent une baisse de la criminalité en magasin. Au niveau mondial, les pertes dues à la démarque inconnue dépassent les 88 milliards d'euros (soit 1,4% sur le chiffre d'affaires global).