La Chine est devenue le grand atelier mondial. On y produit tout et de tout. Y compris de la contrefaçon: certains producteurs locaux sont hyperréactifs et ont d'autant moins de scrupules à copier que la propriété intellectuelle est une valeur là-bas assez diversement intégrée. Trois exemples récents l'illustrent à des degrés divers:

HiPhone 5 Alors que tous les techno-freaks attendent impatiemment la sortie de la nouvelle génération du smartphone d'Apple, de petits malins anticipent en proposant cet "HiPhone 5". Outre le H, l'acheteur trouvera bien sûr plus de 7 différences dans la boîte. L'imitation n'a rien à voir avec l'original. A commencer par le prix: environ 29 euros. Apple Stoer Quand on connaît la sévérité des critères avec laquelle Apple pilote son réseau de magasins propres, on se dit qu'on a du s'étrangler à Cupertino en découvrant, grâce au blog d'une touriste américaine, cinq faux Apple Store dans la ville de Kunming. Détail savoureux pour qui maîtrise le néerlandais: ce lettrage sur une vitrine, où le graphiste s'est un peu emmêlé les pinceaux dans l'alphabet occidental. "Apple Stoer" ? En effet. Y compris pour les autorités chinoises qui ont saisi un prétexte administratif pour ordonner la fermeture de ces points de vente. Ikea with noodles Plus étonnant encore peut-être, la chaîne Shi yi, traduction "Onze", qui décalque jusque dans les mondres détails, y compris les couleurs jaunes et bleues. Notons que "Onze mobilier" se prononce "Shi Yi Jia Ju". Et que le nom chinois d'Ikea est "Yi Jia Jia Ju". C'est encore à Kunming, au sud-ouest de la Chine, qu'on trouve ce magasin d'une surface de... 10.000 m2 ! Seule véritable différence: impossible de découvrir les fameuses Kötbullar au menu de la cafétaria, qui lui préfère l'émincé de porc sauté. Que penser de cette vague de contrefaçons d'enseignes dont on pourrait citer d'autres exemples (Disney est aussi touché) ? Peut-être faut-il aussi y voir une opportunité. Les Chinois sont avides de consommer, et particulièrement des marques à grande notoriété. Significativement, ce sont dans des villes de seconde importance que ces "faux magasins" s'implantent, celles que le rythme de développement des véritables enseignes ne permet pas encore de servir. Le marché, comme la nature, ayant horreur du vide, l'opportunisme du commerçant chinois fait le reste. Mais on peut aussi y voir un signe encourageant pour les chaînes copiées: le potentiel dont elles disposent sur ce marché énorme dépasse de loin les seules grandes mégalopoles.