Frans Muller, CEO de Delhaize, a déclaré ne plus tolérer le fait qu'Albert Heijn profite de meilleures conditions d'achats pour les marques A que son propre groupe. Celui-ci se dit prêt, s'il le faut, à boycotter certains fournisseurs.

L'arrivée d'Albert Heijn dans notre pays entraine son lot de remous. Il y a de cela quelques jours, Gondola rapportait que les prix des distributeurs baissaient de 2% lorsque se présentait à proximité le retailler néerlandais Albert Heijn. Une information qui n'a pas laissé indifférent le groupe Delhaize qui montre aujourd'hui les dents. Dans une interview accordée à nos confrères de De Standaard, le CEO Frans Muller exige des conditions d'achats identiques à celles proposées à Albert Heijn.

"Lorsque nous observons ailleurs des prix que nous ne comprenons pas totalement, nous discutons avec les fournisseurs. Nous leur demandons de nous expliquer pourquoi certaines crèmes glacées ou boissons peuvent être vendues si bon marché. Ces discussions ont lieu actuellement et sont plus difficiles que d'habitude. Ce qui ne nous convient pas, c'est que l'érosion des prix impacts notre marge. C'est ce que nous sommes en train de négocier avec insistance", déclare Muller dans l'interview.

Delhaize achète selon ses propres termes 70% de ses produits en Belgique. "Si les marques A sont moins chères dans notre pays chez un concurrent, cela assure une érosion des prix. Ce qui conduit inévitablement à une discussion avec les fournisseurs. La marge d'exploitation se trouve, par ce type de situation, sous pression. Je ne comprends pas qu'avec 25% de part de marché, nous ne bénéficions pas des mêmes prix que d'autres distributeurs, qui comme Albert Heijn représentent 2% de part de marché. C'est ce qui me fait dire aux fournisseurs; nous avons ici un problème (commun)".

Un possible boycott?

Muller n'exclut pas de recourir à un boycott si la situation met trop sous pression les marges de son groupe. "Les fournisseurs doivent réfléchir à ce que cela signifie. Ils risquent de devoir faire face à des réactions à la chaîne", poursuit Frans Muller. Celui-ci entrevoit une solution: "nous pourrions temporairement nous fournir dans des marchés voisins s'ils sont moins chers". Une solution à laquelle le CEO espère ne pas devoir recourir. "En fin de compte, nous souhaitons tous entretenir de bonnes relation avec les fournisseurs, mais si la situation mène à un combat, nous ne resterons pas hors des rangs".

Les marchés clés de Delhaize

Frans Muller déclarait également à nos confrères de L'Echo vouloir se concentrer sur 5 marchés principaux. "Nous avons décidé de concentrer l’utilisation de nos capitaux et nos investissements sur 5 entreprises et/ou marchés: FoodLion, Hannaford, les marchés belge, grec et serbe", déclare-t-il lors de l'interview. Le groupe entend centraliser son capital sur ces cinq marchés où il détient une part de marché relativement haute (n°1 ou n°2).